Nov 222010
  

Nous reproduisons ici un remarquable entretien de Jean-Marie DELARUE, Contrôleur Général des Lieux de Détention, recueilli par Marie BOETON et publié par LA-CROIX.com le 21 novembre 2010.

Il explique pourquoi il encourage une plus grande expression des détenus .

Jean-Marie DELARUE :  » Encourager la parole pacifierait le quotidien en prison « 

 

Centre de détention de LA FARLEDE, près de TOULON. Les revendications, notamment sur les parloirs, ont du mal à remonter jusqu’à la hiérarchie des prisons (AFP/Éric ESTRAD).

ENTRETIEN

Alors que débutent lundi 22 novembre les Journées nationales des prisons, axées cette année sur le thème de l’expression individuelle et collective des détenus, Jean-Marie DELARUE déplore le manque d’écoute des condamnés lors de leur incarcération.

LA CROIX : les détenus réussissent-ils à faire entendre leur voix en prison ?

JEAN-MARIE DELARUE : Malheureusement non. Ils n’ont quasiment jamais la possibilité de s’exprimer sur leurs conditions de détention. L’administration pénitentiaire ne connaît donc pas leurs attentes concernant le fonctionnement des parloirs, les conditions de travail, etc. Entamer un dialogue avec les condamnés constituerait certes une petite révolution, mais de nombreux pays d’Europe ont déjà franchi le pas.

Au DANEMARK, par exemple, chaque prison s’est dotée d’un comité de détenus, lequel a pour mission de faire remonter les revendications des condamnés à la hiérarchie. En ANGLETERRE, des enquêtes sont régulièrement réalisées auprès des détenus. En FRANCE, rien de tel. Les surveillants auraient pourtant tout intérêt à ce que les détenus disposent de vrais espaces d’expression.

Qu’auraient-ils à y gagner ?

Encourager une telle prise de parole pacifierait considérablement le quotidien en prison. Aujourd’hui, faute de pouvoir faire entendre leurs doléances, les détenus refusent très régulièrement de regagner leur cellule ou boycottent le travail. Or, ce sont des conflits toujours très redoutés par les surveillants, car ils savent très bien que tout peut très vite dégénérer.

Les demandes individuelles sont-elles prises en compte ?

Pas réellement. Les très nombreux courriers de détenus qui me sont adressés – bouleversants pour beaucoup – témoignent d’un manque patent d’écoute. Les condamnés déplorent le peu de temps que leur consacre le personnel pénitentiaire, mais aussi les intervenants extérieurs.

Je ne peux m’empêcher de faire un lien entre ce constat et les centaines de tentatives de suicide et de grève de la faim recensées chaque année. Il s’agit là de formes d’expression désespérées ne visant qu’à une chose : attirer l’attention.

Vous qui êtes l’un des rares à pouvoir directement entrer en contact avec les détenus, quelles sont leurs principales doléances ?

Elles sont très modestes. L’éloignement familial reste leur premier souci. Viennent ensuite la promiscuité en cellule et les difficultés d’accès aux soins. Ils ont, par ailleurs, des revendications concernant le fonctionnement des parloirs, leurs conditions de travail ou les activités sportives ou culturelles qui leur sont proposées.

L’administration pénitentiaire vient de publier un rapport plutôt favorable à l’expression collective en détention. Avez-vous bon espoir que les choses évoluent ?

Je suis confiant. D’abord parce que certains directeurs d’établissement expérimentent déjà, à petite échelle, des dispositifs plutôt innovants dans ce domaine. Ensuite parce que le directeur de l’administration pénitentiaire, Jean-Amédée LATHOUD, est lui-même ouvert à l’idée de permettre une plus grande expression des détenus.

Enfin, parce que la loi pénitentiaire votée l’an dernier promeut clairement cette prise de parole. Elle la cantonne, pour l’heure, aux seules activités proposées en détention, mais j’ai bon espoir qu’on puisse à terme l’élargir à d’autres champs.

recueilli par Marie BOËTON
 Publié par à 21 h 41 min

  2 commentaires à “Jean-Marie DELARUE : encourager une plus grande expression des détenus”

  1. Je trouve cet article très intéressant mais pourquoi reproduisez-vous intégralement, photo comprise, un article de La Croix ?
    Si tout le monde faisait comme vous, plus personne n’irait sur le site de ce journal, qui a besoin de la publicité pour vivre !

    Sentiments distingués.

    Karine Moreau.

  2. Merci pour « le dossier intéressant ». C’est ce que nous essayons de faire – sans grands moyens matériels – car nous nous adressons à des personnes réellement soucieuses de s’engager en faveur de l’humanisation de « nos » prisons et pour la réforme de notre système pénal qui détruit les humains, et fabrique de la récidive ( et donc, des victimes) ou des épaves. Dans votre zèle « policier », il vous aura sans doute échappé que nous mettons toujours  le lien vers le site du journal – lorsque l’article est publié sur le site web, bien entendu – lorsque nous reproduisons un article in extenso (ce qui est rare) ou disposons du PDF gracieusement transmis par le journal ou le journaliste. Il faut vous préciser, en effet, que nous ne « volons » pas les PDF… En l’espèce, je vous suggère amicalement de vous procurer une paire de lunettes car le lien figure en gros, en couleur, et en tout début d’article.

    Mais nos visiteurs – sincèrement engagés et dépensant sans compter leur temps et leur argent pour nous aider – apprécient cette « originalité. Ils vont toujours sur le site du média qui est cité car ils savent que l’article évoqué renvoie toujours, en général, à d’autres articles sur le même thème. Il n’y a donc pas le moindre détournement de trafic… Au contraire, puisque « nos » visiteurs vont sur le site du journal, sur lequel ils ne seraient pas forcément allés spontanément.

    Je crois sincèrement que les grincheux devraient utiliser leur énergie pour nous aider à « changer les choses », ce qui est « positif ».
    En toute « charité chrétienne ».

    François KORBER

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Nov 232010
  

Sous le titre « la récidive des premiers placés sous surveillance électronique« , le site la-CROIX.com a publié, le 22 novembre 2010, une étude intéressante – émanant de la D.A.P. – sur le placement sous surveillance électronique et ses résultats.

La surveillance électronique concerne deux types de publics bien distincts. Sont d’abord visés les condamnés à une faible peine de prison (deux ans ou moins). Pour eux, le bracelet constitue une alternative à l’incarcération. Autre public concerné : les détenus arrivés en fin de peine et considérés comme encore dangereux. Selon une étude de l’administration pénitentiaire de mars 2010 – qui ne vise que les condamnés à une faible peine –, seuls 42 % des 580 premiers placés ont été à nouveau condamnés cinq ans après leur placement, alors que ce taux s’élève à 72 % pour ceux qui ont purgé leur peine en prison. Selon René LEVY, l’un des auteurs de l’étude, ce résultat s’explique par le profil des condamnés,  » en général plus âgés et plus éduqués que les autres, et ayant plus souvent une famille et un travail. Ils ont davantage à perdre s’ils se conduisent mal. « 

télécharger l’étude ici

Dans un autre article de LA CROIX.com publié ce mardi 23 novembre 2010, Marie BOETON  rappelle que la loi sur la sécurité intérieure – qui doit être examinée dans les jours à venir à l’Assemblée Nationale – prévoit d’étendre le recours au bracelet électronique. Visitant le « pôle centralisateur du centre pénitentiaire » au BAUMETTES, elle raconte comment sont suivis les 667 condamnés des BOUCHES-DU-RH├öNE placés sous bracelet électronique . Tout en montrant comment – avec le bracelet électronique – un nouveau type de relations s’est instauré entre surveillants et condamnés.

lire ici les textes régissant le P.S.E.M. (Placement sous Surveillance Électronique Mobile), à ne pas confondre avec le P.S.E.F. (Placement sous Surveillance Électronique Fixe), permettant de s’assurer de la présence du condamné à son domicile à certaines heures déterminées par le Juge de l’Application des Peines.

On lira aussi avec intérêt un remarquable article publié sur le site du Cabinet ACI, avocat à PARIS, rappelant, entre autres, les limites et les dérives du « bracelet électronique ».

Il va de soi que l’association ROBIN DES LOIS milite activement en faveur de ces alternatives à incarcération, même si elles ne constituent pas la panacée. Nous partageons, à cet égard, la conclusion de la chronique de Me ACI :

Il n’existe pas de peine miracle dès lors qu’il s’agit de restreindre ou de priver une personne de sa liberté. L’enjeu fondamental est de hiérarchiser les objectifs. Si pour le placement sous surveillance électronique comme alternative à l’enfermement, le législateur a voulu privilégier la réinsertion sociale, il en va différemment pour le bracelet mobile comme mesure de sûreté post carcérale. Dans cette dernière hypothèse, il paraît bien d’avantage être un outil de sûreté publique au service d’une répression pénale plus forte et omnisciente.

Le philosophe français, Gilles DELEUZE, avait dès les années 1990 prononcé une phrase très déstabilisante :  » Face aux formes prochaines de contrôle incessant en milieu ouvert, il se peut que les plus durs enfermements nous paraissent appartenir à un passé délicieux et bienveillant « . S’agissait-il d’un discours alarmiste ou annonciateur d’un futur relativement proche ? La question reste ouverte.


 Publié par à 16 h 30 min

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Nov 182010
  

… il est blâmé par son administration. Soutenons-le devant le Tribunal Administratif de TOULOUSE

A ROBIN DES LOIS, nous estimons que c’est tout le « système carcéral » qui est toxique, destructeur et mortifère. Il n’est plus possible, aujourd’hui, de défendre la seule cause des personnes détenues sans penser, également, aux femmes et aux hommes qui les gardent. Et qui travaillent, bien souvent, dans des conditions honteuses. Aucun chef d’entreprise n’oserait faire travailler des employé(e)s dans les conditions o├╣ l’ État ose faire travailler ses agents.

Il y a, bien entendu, des brebis galeuses. Et nous sommes les premiers à les combattre. Mais – fort heureusement – certains Syndicats Pénitentiaires commencent a « réaliser » que la seule défense de leurs intérêts corporatifs ne suffit plus. On l’a vu, ce lundi 15 novembre, avec des agents dénonçant les « usines carcérales » inhumaines en construction un peu partout… Nous condamnons ces « prisons privées » depuis leur création, en 1987… Celle de SEYSSES, près de TOULOUSE, est l’une d’elles.

La Ligue des Droits de l’Homme de Midi-Pyrénées appelle à soutenir un surveillant blâmé par son administration pour avoir accordé une interview au journal LA DÉP├èCHE, relative au système carcéral français. Voici l’ APPEL diffusé par la Ligue des Droits de l’Homme. C’est un devoir civique, humain et fraternel que de venir soutenir cet agent, soit en étant présent, soit en lui écrivant via la Ligue des Droits de l’Homme de MIDI-PYRÉNÉES :
( 1, rue Joutx Aigues 31000 TOULOUSE)

ÉRIC CARRÉ AU TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE TOULOUSE LE JEUDI 18 NOVEMBRE A 14 H

Monsieur Éric CARRÉ, surveillant à la Maison d’Arrêt de SEYSSES et militant de la LDH, s’est vu notifier un blâme le 7 septembre 2007 par le Directeur Interrégional des Services Pénitentiaires pour avoir accordé une interview au journal La Dépêche, relative au système carcéral français.

La Dépêche du Midi du 22 mars 2007 avait titré  » Près de 800 détenus s’entassent dans la Maison d’Arrêt de SEYSSES conçue pour 600 prisonniers. « Le suicide tue plus aujourd’hui que la guillotine hier. » «  

 

Monsieur CARRE indiquait notamment : « Je constate que peu à peu, le répressif l’emporte sur le social. Ce phénomène, conjugué à celui de la surpopulation carcérale, dégrade le climat à l’intérieur des établissements pénitentiaires (ÔǪ). Je peux évoquer très simplement les matelas que l’on jette parfois à même le sol dans une cellule de 9m2 conçue pour un détenu, mais dans laquelle devront cohabiter deux individus, la puanteur que fabrique la promiscuité, l’agressivité dont nous, les surveillants, sommes victimes, la haine de l’uniforme que produit ce système, et surtout la détresse qu’il provoque. La Maison d’Arrêt de SEYSSES a fait statistiquement en trois ans plus de morts dans la population carcérale que la guillotine sous toute la cinquième République. »

Ces propos visaient à dénoncer une situation de violation des Droits de l’homme en prison aujourd’hui reconnue par tous et qui porte manifestement atteinte à la dignité des personnes incarcérées.

Monsieur CARRÉ demande au Tribunal Administratif de Toulouse l’annulation de ce blâme, qui viole la liberté d’opinion des fonctionnaires comme l’interdiction d’exécuter un ordre manifestement illégal ou de nature à compromettre un intérêt public.

LE JEUDI 18 NOVEMBRE A 14 H

 

VENEZ SOUTENIR ÉRIC CARRÉ

AU TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE TOULOUSE

68 rue Raymond IV, Toulouse

métro Jeanne d’Arc

 

 


 

 

 Publié par à 20 h 49 min

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Nov 142010
  

Le remarquable documentaire d’ARTE TV sur la prison à l’américaine avait été diffusé il y a quelques mois. François KORBER avait été invité à donner le point de vue de ROBIN DES LOIS sur l’industrie carcérale et les prisons cotées en Bourse, qui se développent en FRANCE depuis 1986. En coûtant très cher au contribuable.

Aujourd’hui paraît le livre de David DUFRESNE tiré du documentaire. Nous ne l’avons pas encore reçu, mais la journaliste de OUEST-FRANCE nous donne fortement envie de le lire !

 Publié par à 14 h 33 min

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Nov 222010
  

Il n’a jamais vraiment ouvert au grand public mais, quinze ans après sa création, qui a coûté un million d’euros, le musée national des Prisons va fermer ses portes. ROBIN DES LOIS combat, bien entendu, vigoureusement, les tares de notre système pénal et carcéral. Mais nous pensons également que la Mémoire et le patrimoine doivent être conservés. A titre d’exemple, nous avons été heureux d’apprendre que les prisons de LYON ne seraient pas transformées en… casino ! Des hommes et des femmes y ont souffert. Ce projet de vente à des casinotiers était obscène et pornographique. On y construira, finalement, des résidences pour étudiants, tout en sauvegardant l’architecture classée.

Que vont devenir les collections du Musée National des Prisons ? Nous allons lancer une action pour les sauver.

 Publié par à 20 h 06 min

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Nov 132010
  

Thomas HUGUES recevait divers invités sur le thème de la télévision en prison dans Médias, le Magazine, à 12 heures 35, sur FRANCE 5

Un reportage passionnant réunit Jean-Jacques URVOAS, député du FINIST├êRE, qui – avec Richard YUNG au Sénat le lundi 29 novembre prochain – et ROBIN DES LOIS mène la bataille en faveur de la gratuité de la télévision en prison, comme devant faire partie du « minimum carcéral ». Dans le reportage, Robert BADINTER devrait peser de tout son poids pour que notre projet l’emporte au Sénat.

Rien n’est joué, en effet. Après 18 mois de bataille, la Chancellerie a fini par plier en annonçant , le dimanche 24 octobre, un tarif de location uniforme dans toute la FRANCE à 8 euros. Il s’agit pour nous d’un simple effet d’annonce. Aucun texte n’est prêt, et le projet est très flou. Michèle ALLIOT-MARIE a d’ailleurs menti en faisant dire, par son porte-parole, que « c’est le prix coûtant ». Financé par quel budget ?

En face, nous avons présenté – lors d’une conférence de presse à l’Assemblée le jeudi 28 octobre 2010 – avec Jean-Jacques URVOAS (député) , Richard YUNG (sénateur) et François KORBER, délégué général de ROBIN DES LOIS :

  1. un « appel » en faveur de la gratuité
  2. un plan chiffré, concret, transparent, et juridiquement argumenté pour parvenir, dans un an, à la gratuité totale.
  3. un amendement à la loi de finances 2011 rédigé par Jean-Jacques URVOAS et Richard YUNG, qui doit permettre de financer aisément la gratuité.

Si nous laissons voter le projet à 8 euros, nous sommes certains que – dans 5 ou 10 ans – nous retrouverons des tarifs astronomiques de location à 20 ou 30 euros par mois, en recréant la même mécanique infernale installée en 1985 – 1986. Le racket qui dure depuis 25 ans et qui ponctionne , chaque année, 10 millions d’euros à des prisonniers souvent miséreux, faute de travail, doit cesser. Définitivement.

 Publié par à 0 h 10 min

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Nov 122010
  

EDITO

800 000 gardes à vue l’an dernier… Sale temps pour les « gardiens de la paix ». Aujourd’hui, la Police fait peur. Il y a , bien entendu, d’excellents fonctionnaires dans la Gendarmerie ou les diverses services de Police. Mais l’utilisation politique de la Police par le gouvernement National-Sarkozyste a gravement terni l’image de la Police Républicaine. Aujourd’hui, pour de nombreux Français, la Police c’est celle qui fait la chasse aux Roms. La Police, c’est celle qui écoute ou surveille illégalement les journalistes et, bientôt, tous ceux qui « dérangeront » un Pouvoir aux abois. La Police, c’est celle qui pratique – souvent avec brutalité – les contrôles au faciès dans le métro ou dans la rue. La Police, enfin, c’est celle qui peut vous mettre en garde à vue pour un mot de travers… A cause de « la politique du chiffre ». Ce qui ne constitue pas une excuse : personne n’est obligé de faire du zèle parce qu’un type comme HORTEFEUX l’exige ! C’est long, 24 ou 48 heures dans une geôle sordide qui pue l’urine, en essayant vaguement de dormir sur un banc en béton…

La Chancellerie avait envisagé un projet de réforme de la garde à vue très modeste. Fort heureusement, un large front s’est organisé avec les avocats et tous les défenseurs des libertés publiques pour saisir le Conseil Constitutionnel et la Cour de Cassation afin que la Réforme à venir tienne compte de plusieurs arrêts récents de la Cour Européenne des Droits de l’Homme . Et, en particulier, de l’arrêt BRUSCO c / FRANCE en date du 14 octobre 2010. Vous vous en souvenez de cette Réforme qui voulait supprimer le Juge d’instruction pour mettre les enquêteurs à la botte du Parquet ? Projet pour l’instant enterré en raison, notamment, du zèle servile du grand copain du Président de la République, le Procureur Philippe COURROYE… L’ineffable Guillaume DIDIER, porte-parole de la Garde des Sceaux, expliquait imperturbablement, il y a un an, que « ce projet est excellent ». Raté.

Dans le projet de loi présenté le 13 octobre dernier, les avocats pourront désormais prendre connaissance des dossiers des personnes gardées à vue et, surtout, assister à l’ensemble de leurs auditions. Le projet de loi est encore très imparfait, et rien n’est joué. Vigilance et Résistance sont nos deux mots d’ordre ! 

ARTICLE

Pour « aller plus loin », nous vous invitons à lire un excellent article de Timothée BOUTRY , publié dans LE PARISIEN du mardi 2 novembre 2010.

 Publié par à 22 h 00 min

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Nov 082010
  

madame Anastasie par André GILL, le 19 juillet 1874

Il ne suffit pas à l’Administration pénitentiaire d’interdire toute liberté d’expression dans « ses » prisons en pratiquant la censure tous azimuts. Elle entend, également, censurer les associations de défense des personnes détenues qui luttent pour informer les Français sur ce qui se passe dans « leurs » prisons et avec leurs impôts.

Nous venons d’apprendre (source: LYON-CAPITALE.fr) que « l’administration pénitentiaire interdit la distribution de tracts devant la maison d’arrêt de LYON – CORBAS. Elle aurait envoyé un fax dans ce sens aux représentants régionaux de l’Observatoire des prisons. L’antenne RH├öNE-ALPES de l’OIP qui organise un débat le 11 décembre sur la libération de la parole des détenus a organisé quatre demi-journées de tractage devant la maison d’arrêt de LYON-CORBAS, depuis le 30 septembre. Dans ses tracts, il invitait les personnels de la prison, les détenus et leurs proches à confier leurs témoignages à l’OIP en vue du débat. La direction de l’établissement justifie sa décision du fait de « remarques reçues de différents intervenants  » et demande à l’OIP de « ne plus procéder à de nouvelles distributions ».

la M.A. de LYON-CORBAS

Une sympathisante de ROBIN DES LOIS et de l’A.R.P.P.I. a déjà été victime de la même censure, avec un coup de fil de menaces émanant bizarrement du … Directeur Interrégional du S.P.I.P. de … LYON, il y a 3 mois devant le C.P. de VARENNES-LE-GRAND . Celui-ci confondait, manifestement son rôle de travailleur social avec celui de C.R.S.

Il est évident que l’A.P. peut – en l’état du droit, et de la jurisprudence – juridiquement, interdire ce qu’elle veut sur son « terrain », lequel est généralement assez étendu autour des prisons. Nous allons bien voir, pour ce qui nous concerne, comment le Tribunal Administratif local tranchera entre deux droits : le droit de propriété et le droit à l’information et à la liberté d’expression.

Notre site étant régulièrement consulté par les collaborateurs de Michèle ALLIOT-MARIE , nous adressons, d’ores et déjà, à la Garde des Sceaux, théoriquement défenseure des libertés publiques ( voir, tout récemment, le brutal limogeage de Gérald DAHAN ou les tentatives d’étouffement de l’affaire WOERTH-BETTENCOURT …) nos plus vives protestations en totale solidarité avec l’O.I.P.

LES PIÈCES DU DOSSIER : chacun peut se forger une opinion en toute connaissance de cause .

le tract imprimable (PDF)

le second tract (PDF)

  l’appel aux Juges de l’Application des Peines

le communiqué de l’O.I.P. RH├öNE – ALPES et la jurisprudence actuelle

lire le communiqué de l’O.I.P. ce lundi 8 novembre 2010

Qui était André GILL, auteur de la célèbre caricature d’Anastasie ?

pourquoi le prénom Anastasie est-il devenu synonyme de censure ?

La liberté d’expression doit se défendre partout, chaque jour et sans relâche : sinon, elle dépérit. Les libertés publiques constituent un tout indissociable : il n’y a pas de « petite » censure et de « grave » censure.

 Publié par à 16 h 26 min

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Nov 072010
  

Le blog de Jean- Pierre ROSENCZVEIG « LES DROITS DES ENFANTS VUS PAR UN JUGE DES ENFANTS » est, d’une façon générale, tout à fait remarquable, à l’image de l’homme, ardent humaniste et défenseur des libertés publiques.

Son commentaire (cliquer ici) de la décision n° 010-614 DC du Conseil Constitutionnel du 4 novembre 2010 , censurant la loi qui autorise la ratification d’un nouvel accord franco-roumain organisant le retour en ROUMANIE des enfants roms isolés en FRANCE et interpellés est passionnant. A la hauteur d’une décision qui censure un texte aberrant, à bien des égards. Sans le dire, c’ était une loi qui s’inscrivait dans l’insupportable et irrespirable climat de xénophobie , de racisme et d’atteinte aux libertés publiques qui asphyxie notre République depuis quelques années.

Au-delà de ce la censure d’une loi d’exception attentatoire aux droits de l’enfant, c’est un cinglant camouflet infligé au National-Sarkozysme. Le premier d’une longue série ?

télécharger la version PDF de la Décision

 Publié par à 1 h 39 min

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Nov 062010
  

Les geôles du MOYEN-AGE n’ont rien en commun avec nos prisons actuelles.

Au XIIIe siècle, elles se résument à une « mesure de sûreté », une retenue préventive pour les hommes en attente de jugement, une peine de substitution pour les femmes, enfants et vieillards. Décrivant les marges d’une société, cet ouvrage s’intéresse aux différentes formes de la réclusion sous l’Ancien Régime : de la répression exercée par l’Inquisition aux galères du XVe siècle et aux bagnes des grands ports maritimes – TOULON, ROCHEFORT, BREST – qui se perpétuent jusqu’au milieu du XIXe siècle malgré la fin partielle de l’arbitraire au XVIIIe siècle.

Cependant, avec les Lumières, la durée des sentences est désormais respectée et les règles de fonctionnement de la détention paraissent mieux définies. Á l’heure o├╣ le mot  » sécurité  » couvre les lèvres de tout homme politique, il peut paraître opportun de saisir comment la FRANCE a cherché à répondre aux actes de ses marginaux (…) » « (…) Il faut attendre la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour que la doctrine s’intéresse vraiment à la correction des coupables et, par voie de conséquence, à la prison. Ce n’est que dans les années 1775 que les parlements, en FRANCE, commencent à prononcer des condamnations à l’emprisonnement, alors qu’en EUROPE des prisons modernes se construisent depuis le début du siècle (à ROME, à TURIN, à MILAN, à VENISE, à GAND). Le travail y apparaît dès lors comme le moyen absolu d’amender les détenus, pour leur propre avantage et celui de l’état. »

Si nous présentons aujourd’hui ce livre de Nicole CASTAN et André ZYSBERG (PRIVAT, octobre 2002), c’est grâce à une superbe découverte : le blog de Philippe POISSON . Sur ce site, créé le 11 décembre 2008, on trouve près de 4 000 articles concernant l’Histoire de la Police, de la Gendarmerie, des Galères, des Bagnes maritimes et coloniaux, des Prisons, des colonies correctionnelles, des maisons de correction, des Hospices, des Hôpitaux ÔǪ en passant par de nombreux articles consacrés à l’histoire du vêtement, à l’histoire de la vie quotidienne, des portraits de femmes et d’hommes qui ont traversé  » l’Histoire  » et  » la petite Histoire  » . A signaler quelques articles à découvrir sur des ouvrages passionnants :

Une iconographie de la répression judiciaire

Histoire de la répression des opposants politiques (1792-1848)

Les enfermés de CHERBOURG : Chouans, babouvistes et communards dans les geôles cherbourgeoises

Le Bailli de FORBIN, lieutenant-général des galères (au XVIIème siècle) etc..

On ne peut bien analyser le « présent » et changer le « futur » qu’en ayant une connaissance approfondie du passé, des modes de répression, et de leur humanisation (très) progressive.

 Publié par à 21 h 49 min

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