Juin 252010
  

Il y a dix ans, Loïc WACQUANT publiait « Les Prisons de la Misère ».

Dix ans après, il livre une très intéressante analyse de la tornade sécuritaire mondiale. Au-delà du langage parfois « difficile » du sociologue, ces analyses méritent d’être découvertes pour comprendre comment fonctionne, aujourd’hui « l’État Pénal », notamment en FRANCE.

Outre « Les Prisons de la Misère » (Éditions Raison d’Agir, 1999) on peut également consulter ses autres publications.

Conférence-débat organisée à PARIS le jeudi 10 juin 2010 avec Loïc WACQUANT, Gilles CHANTRAINE, Laurent BONELLI et Delphine SERRE sur le thème : « les prisons de la misère : dix ans après »

Juin 202010
  

sexualité et prison

Il existe, finalement, peu de livres spécifiquement consacrés à la sexualité et à l’affectivité en prison…

Alain MONNEREAU (LA CASTRATION PÉNITENTIAIRE)…. Jacques LESAGE de LA HAYE (LA GUILLOTINE DU SEXE), ont tenté de faire comprendre les effets de la privation de toute vie sexuelle et affective sur une personne détenue. Plus récent, le livre d’Arnaud GAILLARD (Max MILO, 2009), « SEXUALITE et PRISON, Désert affectif et désirs sous contrainte », apporte un éclairage très complet sur certaines réalités, qui contribuent à la destruction de l’homme emprisonné…

Juin 162010
  

FRESNES

Un premier surveillant de la M.A. de TOURS vient d’être condamné par le Tribunal Correctionnel de BLOIS à 6 mois d’emprisonnement avec sursis pour « non-assistance » à personne en danger. Comme le relate LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE du mercredi 16 juin 2010, ce gradé avait négligé d’appeler le médecin malgré les supplications d’un détenu qui se tordait de douleur. Soigné trop tard, Malik a dû subir l’ablation d’un testicule.

ROBIN DES LOIS ne verse jamais dans la caricature ni le manichéisme. Il y a des surveillants et des gradés qui accomplissent leur tâche avec vigilance et humanité.

Si vous êtes malade dans la journée, pas trop d’inquiétude : le service médical (U.C.S.A.) est ouvert. Mais on ne compte plus les personnes détenues souffrant atrocement pendant toute une nuit ou un week-end (ou décédant) parce qu’un gradé a refusé ou négligé d’appeler un médecin, la nuit ou le week-end. Ou parce qu’un surveillant a refusé de prévenir le gradé de service. Mépris, je-m’en-foutisme et indifférence sont courants dans toutes les geôles de la République. Ce gradé n’avait même pas, en l’occurrence , l’excuse du surmenage et de la surpopulation puisque les faits se sont déroulés au quartier de semi-liberté, plutôt paisible.

Ce n’était qu’un salaud, tristement ordinaire. Comme il y en a d’ailleurs, partout, dans la vie « normale ». Mais – dans la vie « normale » – on peut les fuir. Pas dans une prison puisque vous êtes totalement dépendant de leur bon vouloir…

Nov 292014
  

sr3Lors de l’Assemblée Générale de notre association, le 19 novembre, j’ai été élu à l’unanimité Président de Robin des Lois.

Je veux d’abord remercier les adhérents et Xavier Périssé à qui je succède. Il a souhaité quitter son poste car il préside maintenant l’association Justice Deuxième Chance. Il a cependant accepté d’être vice-président de Robin des Lois et nous continuerons donc à travailler ensemble.

Si ce changement de président se fait sereinement, il intervient à un tournant de la vie de Robin des Lois. Jusqu’à maintenant, notre association a dû sa notoriété à la personnalité hors norme de son délégué général et à son inlassable volonté qui n’a pas permis de déplacer des montagnes mais de faire bouger l’administration pénitentiaire, ce qui, à l’évidence, est plus difficile !

Notre action a reposé sur un petit nombre de militants très dévoués. Pour pérenniser notre existence, mieux agir et répondre aux objectifs de notre charte, nous avons décidé de multiplier les adhésions, d’associer de plus en plus de bonnes volontés pour aider les détenus victimes de l’arbitraire et promouvoir les réformes que nous préconisons.

Bref, nous avons l’ambition de devenir une association nationale qui milite, qui réfléchit et qui apporte des services utiles.

Après avoir été un compagnon de route de notre association en aidant souvent François Korber, je vais consacrer toute mon énergie au développement de Robin des Lois.

La montée de l’idéologie sécuritaire liée à la crise économique, le peu d’attention portée au système pénitentiaire, à gauche comme à droite, les tentations clientélistes et populistes de beaucoup de politiques rendent notre tâche difficile. Je ne servirai pas à grand chose si vous n’apportez pas vos idées et votre énergie.

C’est pourquoi nous allons lancer dans les jours qui viennent une campagne d’adhésions.

A bientôt !

Sylvain Renard

Fév 122015
  

ch5

Le mardi 10 février à eu lieu au Ministère de la Justice une rencontre inédite organisée par l’association J2C que nous avons contribué à créer.

Ce fut un indéniable succès dont la Presse écrite et audiovisuelle a rendu compte. Organisée sur le thème « De la prison à l’emploi », elle avait pour objectif de faire se rencontrer différents acteurs de la réinsertion des détenus et en particulier de sensibiliser les entreprises à leur rôle social et citoyen. Il est positif que de nombreux dirigeants d’entreprises et des représentants du MEDEF aient été présents.

Les débats ont porté sur les difficultés rencontrées dans la réinsertion et ont permis de faire connaître l’expérience remarquable et très concrète (Un détenu qui a retrouvé un emploi grâce à l’association est venu témoigner) que mène J2C.

Une rencontre de ce type, avec la participation de l’Administration Pénitentiaire, était encore impossible, il y a peu, à la Chancellerie.

Pour autant, certains militants de terrain auraient sans doute été surpris de l’apparent consensus qui régnait ce matin là. Ne vous y trompez pas, si J2C est un  » opérateur de réinsertion » qui se doit, pour réussir, de nouer des rapports apaisés et confiants avec tous ses partenaires, Robin des Lois continuera, en toute indépendance, à mener ses combats.

Tous ceux qui observent notre système pénitentiaire avec sérieux savent que les conditions de détention en France (non respect de l’encellulement individuel, travail insuffisant et sous-payé, service de santé indigent, insuffisance des formations proposées aux détenus, …) portent souvent atteinte à la dignité des détenus et sont des obstacles considérables à leur réinsertion. C’est d’ailleurs à cette lutte opiniâtre pour la dignité humaine que nous a appelé dans sa conclusion Robert Badinter.

Le remarquable travail de J2C ne s’oppose pas à nos luttes, il en est, à mon sens, un utile complément.

Premier compte rendu sur le site de J2C

Mar 062010
  

Depuis quelques années, Étienne NO├ïL, avocat à ROUEN, mène des combats concrets et systématiques pour obtenir la condamnation de l’État, à raison de graves dysfonctionnements de son Administration Pénitentiaire (suicides, violences en prison, conditions de détention indignes, etc.). Faute de décrets ou de lois, ces condamnations – obtenues par une procédure rigoureuse – font « avancer » le Droit dans les geôles de la République.

Ce vendredi 5 mars 2010, l’avocat vient de déposer une REQU├èTE au Tribunal Administratif de ROUEN – au nom de 38 détenus – pour obtenir la réparation de conditions « indignes » de détention dans la maison d’arrêt de cette ville. Dans cette REQU├èTE, Me Étienne NO├ïL demande que l’État soit condamné pour avoir incarcéré des détenus « dans des conditions n’assurant pas le respect de la dignité inhérente à la personne humaine ».

Étienne NO├ïL, membre de l’Observatoire International des Prisons, vise en particulier la surpopulation carcérale et les conditions d’hygiène dans cet Établissement qui date de 1864. Il a déjà obtenu, en 2008 et 2009, la condamnation de l’État au bénéfice des trois détenus qui avaient saisi ce Tribunal pour des conditions d’incarcération comparables. Le Tribunal avait accordé 3 000 euros à chacun d’eux, une somme confirmée en appel par la Cour Administrative d’Appel de DOUAI.

Pour condamner l’État, les juges s’étaient fondés sur une expertise réalisée en 2005 à la demande de Me NO├ïL. Dans leur rapport, les experts avaient notamment relevé « la promiscuité » qui règne dans des cellules de 10 à 12 mètres carrés o├╣ vivent trois détenus et « l’absence de séparation entre le cabinet d’aisance et la pièce à vivre ». De son côté, l’État avait demandé le rejet de ces demandes en estimant que les détenus n’établissaient pas « le caractère personnel, direct et certain du préjudice ».

L’association « ROBIN DES LOIS  » soutient chaleureusement cette procédure, en espérant que de très nombreux avocats s’impliquent dans des combats analogues, seuls susceptibles de « faire avancer les choses  » .

Juin 222010
  

WITZWIL, entrée de la prison

L’été dernier, comme ses prédécesseurs de la Ve République, Jean-Marie BOCKEL, secrétaire d’État à la Justice, visitait la prison de Casabianda en CorseÔǪ et en revenait avec des idées pour sortir du  » tout béton  » le plan de construction de 13 200 nouvelles places ultra modernes datant de 2002.
Casabianda est en effet un  » modèle unique  » dans le paysage carcéral français. Sans murs, sans barreaux, sans miradors, c’est une prison ouverte de 194 places o├╣ l’on ne se suicide pas, o├╣ les agressions et évasions sont rares, le taux de récidive faible et qui a un ratio surveillant-détenus les plus faibles de France ÔǪ Bref, une prison qui  » réussit  » en silence depuis soixante ans sans avoir fait l’objet d’études scientifiques ni même suscité l’intérêt des professionnels du droit. Nos voisins Belges, Irlandais, Suédois, Finlandais ou encore Danois suivent déjà, quant à eux, des recommandations de l’Organisation des Nations unies datant de 1955 (!) en ce qui concerne le développement de prisons ouvertes.

Rappel sur ce qui se fait dans d’autres pays

  La prison de GIVENICH (Luxembourg), une réalité au plus près de la vie en société, Paul-Roger GONTARD

La prison de WITZWIL (Suisse) ou la socialisation par le travail, Paul-Roger GONTARD

A WITZWIL, la prison met la charrue avant les barreaux, Libération, 27 mars 2010

  « Les prisons ouvertes » : l’exemple autrichien, Jean-Marie BOCKEL visite deux établissements pénitentiaires en Autriche

CASABIANDA (photo MaxPPP)

En FRANCE

Seul le C.D. de CASABIANDA fonctionne de cette façon…

Cette affirmation est, d’ailleurs, inexacte car le C.D. de MAUZAC (24), dans sa partie « Vieux Camp », fonctionne exactement de la même façon, seul un mince grillage séparant les personnes détenues de la liberté. Des détenus qui travaillent toute la journée, libres, dans les champs ou pour suivre des formations en relation avec les métiers de l’agriculture.

En savoir plus sur Casabianda

Le Centre de Détention de CASABIANDA – Emblématique prison de paradoxes, Mémoire de Master de Paul-Roger GONTARD, Université Paul CEZANE – Aix-Marseille III, Faculté de Droit et de Science Politique, Master 2 Lutte Contre l’Insécurité, 2008

La presse en parle

La France s’intéresse au modèle des « prisons sans barreaux », Le Monde, 12 janvier 2010

En France il faut souffrir pour sa rédemption, article de Sonya FAURE, Libération, 27 mars 2010

La France tentée par les prisons sans barreaux, article de Timothée BOUTRY, Le Parisien, 29 mars 2010 (page 1 et page2)

Dans la nature on ne s’évade pas, article de Nathalie COLIN, Revue Transrural Initiatives, mai 2010

La France veut s’ouvrir aux prisons sans barreaux, article de Marie BOETON , La Croix, 2 juin 2010

Casabianda cette prison ouverte d’o├╣ l’on se s’évade pas, article de Julie QUILICI, Corse Matin, 19 juin 2010

Rapport remis au Ministère en 2010

MISSION D’ETUDE DE FAISABILITE : Le régime ouvert de détention peut-il être étendu dans le champ pénitentiaire français ? par Paul-Roger GONTARD
Rapport
et synthèse du rapport

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Pour Patrick MAREST, délégué général de l’O.I.P. : « ce rapport est une révolution culturelle ». Il souligne cependant « le risque de voir se créer un archipel carcéral » et qualifie les prisons ouvertes de « cache misère » (interview accordée du JDD, le 2 avril 2010)

ROBIN DES LOIS ne partage pas totalement ce point de vue car , depuis toujours, existent les « bonnes prisons » réservées aux détenus dociles et soumis. Et les « prisons dures » pour les rebelles et les insoumis. Ou ceux qualifiés de « dangereux » par l’Administration. Nous sommes pleinement d’accord, en revanche, avec l’idée que l’engouement pour CASABIANDA nous donne, l’opportunité de défendre de façon cohérente 1) le numerus clausus 2) les peine alternatives 3) de faire avancer l’idée des prisons ouvertes.

Mai 212010
  

Patrick MAREST

Dans le cadre de l’opération « PRISON VALLEY« , nous avions annoncé un chat avec Florence AUBENAS, Présidente de l’O.I.P. (Observatoire International des Prisons )  .

Pour cause d’agenda, c’est, finalement, Patrick MAREST, délégué général de l’O.I.P., qui a animé le débat.

Nombre de ses réponses et observations nous apparaissent pertinentes et méritent d’êtres lues par tous ceux qu’intéressent les questions pénales et carcérales (cliquer ici)

Juin 082010
  

CP de VILLENAUXE-LA-GRANDE

ROBIN des LOIS luttera sans relâche contre la dérive à l’américaine et la privatisation de la prison… Nous ne voulons pas des 5 000 places… qui vont, d’ailleurs, sans doute être abandonnées. Nous voulons le développement des peines alternatives et celui des prisons ouvertes ou semi-ouvertes.

Pour en savoir plus, voici un « état des lieux » des récents programmes de construction.

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Repères

1988 : Le programme 13 000 initialement fixé à 15 000 places pour pallier aux insuffisances est revu à la baisse en raison de son coût budgétaire. Mis en œuvre avec le concours de gestionnaires privés, il permet la construction de 25 établissements entre 1990 et 1992 mais est insuffisant pour ajuster le parc pénitentiaire aux besoins.

1996 : Le programme 4 000 vise à construire d’ici 2000 sept maisons d’arrêt, centres de détention et centres pénitentiaires (3 800 places additionnelles) et une maison centrale (200 places). La construction de quatre nouvelles maisons d’arrêt y est ajouté. Au final près de 10 ans auront été nécessaires pour réaliser le programme : difficultés à finaliser les dossiers de consultation des entreprises, épineux choix des terrains…

9 septembre 2002 : la loi d’orientation et de programmation pour la justice (LOPJ) prévoit le lancement du « programme 13 200  » pour créer 13 200 nouvelles places de détention dans vingt-cinq établissements (15 pénitentiaires, 7 pour mineurs et 3 de courtes peines), d’ici 2012.

2009 : Nicolas SARKOZY annonce la création de 5 000 nouvelles places avant 2017. MAM répète qu’elle fera construire 12 000 places pour en fermer autant de vétustes.

2010 : Neuf établissements ont été livrés. Le budget global se monte à 1,4 milliard d’euros de fonds publics. Un nouvel établissement devrait ouvrir tous les trois mois jusqu’en 2011. Au total, 13 200 nouvelles places. A la fin de ce programme, 62 500 places de prison contre 54 300 places actuellement, dans lesquelles s’entassent 61 800 détenus.

Le partenariat public-privé (PPP)

MA du Mans, JF Monier, AFP

Le 15 octobre 2008 était inauguré à SAINT-DENIS de LA RÉUNION le premier établissement du programme 13 200.

Le 7 décembre 2008, les premiers détenus arrivent à la prison de MONT-DE-MARSAN, 2nd établissement livré et sont évacués en urgence le 28 décembre 2008 suite à une panne électrique généralisée.

A cette occasion, les surveillants dénoncent les « importantes malfaçons » du site : infiltrations d’eau, pannes quotidiennes des serrures électriques, câbles non enterrésÔǪ

Le 19 janvier 2009 c’est au tour du centre pénitentiaire de ROANNE d’ouvrir. Les dysfonctionnements y sont très nombreux : les serrures électriques extérieures ne fonctionnent pas, les murs se fendillent avec les infiltrations d’eau, le temps de séchage du béton n’ayant pas été respecté…

en savoir plus 

:

  Murs fendillés, serrures gelées : les dessous d’une prison modèle, Libération 19 janvier 2009


La cause ? Comme pour les programmes de 13 000 et 4 000, le choix a été fait de contrat de « partenariats public-privé » (PPP), une délégation des opérations de construction à des prestataires privés, ce qui permet à l’ Etat de lancer des opérations immobilières importantes sans qu’elles apparaissent dans l’endettement public à la différence des opérations de marchés publics classiques.

Ces PPP permettent au B.T.P. de construire mais aussi de gérer les établissements construits (restauration, hôtellerie, cantine, formation professionnelle, etc.) et offrent une latitude immense à l’entreprise chargée de l’édification pour réduire au maximum les coûts de construction et augmenter ses marges. Autre effet pervers : ce sont les seuls chantiers qui, quoiqu’il arrive, finissent sans aucun dépassement de délai ni de budget.

A ROANNE, le groupe EIFFAGE (industriel du bâtiment) associé à une banque a pour 55 millions d’euros édifié le centre pénitentiaire. Après trois ans de travaux, ce constructeur restera propriétaire de la prison pour vingt-sept ans et facturera sur cette période un loyer au ministère de la Justice. Coût total de la location pour l’Etat : 103 millions d’euros. Auxquels s’ajouteront les frais de maintenance.

Pour avoir une idée des activités d’une Société Privée dans un Établissement en P.P.P. on consultera avec intérêt le document publié par la SIGES, filiale de la multinationale SODEXO.

en savoir plus :

  Le BTP se refait une santé en détention, Libération 19 janvier 2009

Prison et architecture

En plus de créer des places supplémentaires, parmi les objectifs du programme 13 200 figurent le souhait d’améliorer les conditions carcérales des détenus, l’État français ayant été régulièrement condamné pour l’indignité de ses conditions de détention, avec la volonté :

– d’ouvrir la prison sur le monde extérieur par des partenariats avec d’autres institutions (éducation, santé) et des intervenants extérieurs (dont de nombreux bénévoles) ;

– d’améliorer la vie sociale du détenu : autonomie en cellule individuelle (toutes les commodités y compris la douche), facilité d’accès à tous les services sociaux du programme : conseiller d’insertion, conseiller en droit, spécialistes de la santé, de la formation professionnelle, etc.;

– de s’appuyer sur une architecture dite « moderne » : la prison individuelle reliée à ses dépendances sociales par des couloirs propres, spacieux et clairs.

Pour répondre à ses ambitions, l’architecture est un élément essentiel. 

Pour l’architecte Christian DEMONCHY « Un projet d’architecture délimite toujours un nouvel espace o├╣ se développera un mode de vie particulier par rapport au monde extérieur… Il y a donc dans tout projet architectural une part d’utopie. Quand la future construction -notamment carcérale- doit renfermer une population importante, c’est à un véritable projet de société que nous sommes confrontés. »

CD de MAUZAC, photo de J.J. SAUBI

On peut donc légitimement se questionner sur le projet « philosophique » qui sous-tend la construction de grands ensembles carcéraux modernes… en peinant à trouver des réponses…

Il semblerait qu’à l’exception de MAUZAC, centre de détention de 252 places réalisé entre 1984 et 1986, les programmes récents aient marqué un point d’arrêt à ces alternatives, renouant avec le système pénitentiaire traditionnel. Avec pour effet de détourner le débat sur la vie carcérale au profit de celui sur la délégation de gestion au secteur privé. (source Étude, Généalogie de la prison moderne, Christian DEMONCHY, architecte).

Prisons propres mais déshumanisées

Dans les prisons modernes du programme, les cellules sont ainsi plus hygiéniques, avec une porte insonorisée et une douche.

Mais derrière ces avancées se cachent l’omniprésence de la vidéosurveillance réduisant les rapports humains entre détenus et surveillants, l’automatisation des postes de contrôle et de l’ouverture des portes, les vitres sans tain et interphones… qui font que les surveillants ne se déplacent plus

Les grilles fixées derrière les barreaux, pour empêcher le « yo-yo » (s’envoyer des objets attachés à une ficelle d’une cellule à l’autre) bouchent complètement la vue.

Autre problème, la taille des établissements augmente considérablement les temps de déplacement avec pour conséquence la réduction des mouvements des détenus qui doivent choisir entre parloirs, activités ou promenade.

Ce gigantisme crée également le fractionnement des taches et des responsabilités.

Concernant l’accès aux services désormais fournis par les prestataires privés (par exemple la commande de la « cantine », produits alimentaires) de nombreux dysfonctionnements sont notés (erreur ou perte de commande, compte débité sans livraison, etc.) et les  interlocuteurs sont encore moins accessibles (pour la gestion de l’électricité par exemple, si les plombs sautent, le surveillant ne peut les remettre mais doit appeler la société gestionnaire allongeant la résolution des problèmes).

CP de BÉZIERS, livré par le groupe EIFFAGE en juillet 2009

De nombreux détenus en viennent ainsi à regretter les anciennes prisons, insalubres mais « humaines » aux prisons ultra modernes et déshumanisées.

  en savoir plus :

Dans la froideur des prisons modernes, Le Monde, 22 avril 2010

On est arrivés dans une prison propre, sans rats, sans cafards, sans humanité, Libération, 24 février 2010
   
nouvelles prisons, ultramoderne solitude, article de Sonya FAURE Libération, 16 février 2010


prison de MONT-DE-MARSAN, son univers paranoïaque, article de Sonya FAURE Libération, 16 février 2010

article de l’Est Eclair du 28 mai 2010 sur le C.P. de VILLENAUXE-LA-GRANDE

un détenu retrouvé mort à la prison de BOURG-EN-BRESSE, article de Frédéric BOUDOURESQUE, Le Progrès de l’Ain, 14 mai 2010

  les prisons vont-elles rester la honte de la FRANCE ?, dossier de LYON-CAPITALE, mai 2009

une femme de détenu raconte la prison de Vezin – Rennes, Ouest France, 10 avril 2010

Cellules individuelles

Concernant l’encellulement en centre de détention (pour des détenus condamnés à de longues peines, contrairement aux maisons d’arrêt pour les personnes prévenues et les courtes peines), les cellules individuelles de 10,5 mètres carrés ne devraient jamais accueillir plus d’un détenu. Enfin, en théorie.

Dans un fichier informatique de 2007, échangé entre tous les protagonistes du projet de construction du centre de ROANNE, le groupe prestataire interroge l’agence du ministère de la Justice au sujet d’un modèle de « lit simple avec possibilité de superposition » (pour installer un autre lit simple au-dessus du premier). Pragmatique, l’industriel demande : « Merci de nous confirmer si ce type de lit est retenu pour toutes les cellules simples. Ce modèle de lit serait réalisé conformément au prototype présenté à ROANNE. »  (source Le BTP se refait une santé en détention, Libération 19 janvier 2009) 

Plus récemment lors des 5ème assises sur les prisons en FRANCE à la Maison de la Chimie, en février 2010, Michèle ALLIOT-MARIE, Ministre d’État, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Libertés, présente le prochain programme de construction de 5000 place et affirme : « L’encellulement individuel sera garanti, dans des cellules de 8,5 m2, donc impossibles à doubler »…

8,5 m2, c’est très peu pour une personne… Par ailleurs, on sait très bien que cela n’empêchera jamais l’administration pénitentiaire de mettre 2 lits superposés, même dans moins de 8,5 m2

Intégralité du discours de clôture des 5e assises sur les prisons en France
par Mme ALLIOT-MARIE

Tous les membres de l’auditoire se sont regardés, effarés…. Elle ne plaisantait pas.

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Le Ministère de la Justice cherche, en réalité par tous les moyens , à poursuivre une politique aberrante d’enfermement à tout-va.. D’autres solutions existent pourtant : les peines alternatives (ce qui suppose un recrutement important de travailleurs sociaux pour en assurer le suivi), le numerus clausus et les prisons ouvertes. C’est cette politique-là que ROBIN DES LOIS compte faire avancer dans les années qui viennent.

Mai 272010
  

Jeudi 27 mai 2010

Charles PASQUA


LES FAITS

Un « cachot », dont nul ne sait quand il a été construit ni à quoi il a pu réellement servir, a été découvert dans les murs de l’Assemblée nationale.


AFP jeudi 27 mai 2010

Fermée par des barreaux et une double porte en bois, la cellule d’environ 2 mètres sur 1,50 m avec un banc de pierre était emmurée depuis de longues années.
Ce réduit a été mis au jour quand un léger mur en plâtre a été abattu ces derniers jours à l’occasion de travaux effectués dans l’étroit escalier menant, à proximité de l’hémicycle, d’une salle de presse, la salle FRAGONARD, à une autre, la salle PASSERON.

« cachot » découvert à l’Assemblée Nationale

« J’en ignorais totalement l’existence », a indiqué l’historien de l’Assemblée nationale, Bruno FULIGNI.

La divulgation de cette trouvaille a provoqué une réelle effervescence à l’Assemblée, avec un défilé sur les lieux de responsables et de membres du personnel du Palais-Bourbon. Le service de presse et la présidence de l’Assemblée ont été assaillis de questions et de demandes de visite par la presse, y compris étrangère.

Dans un communiqué, le service de presse a indiqué en fin de journée qu’ »à ce stade, rien ne permet d’identifier l’usage dévolu à cet espace et notamment d’affirmer qu’il s’agirait d’un cachot. Le Palais-Bourbon est un bâtiment qui a fait, au cours des siècles, l’objet de nombreux et importants travaux et réaménagements, notamment la zone à proximité de la colonnade ».

« Des recherches sont engagées par les services de l’Assemblée afin de retracer l’histoire et l’affectation de ce local. Le résultat de ces investigations sera rendu public », a-t-on ajouté.

photo assemblée nationale

Le Président de l’Assemblée, Bernard ACCOYER, qui s’est lui aussi rendu sur place jeudi après-midi, a lancé, en plaisantant avec les quelques journalistes présents: « Ce n’est pas un cachot. Il faut arrêter le délire… ».

Les grilles de la cellule semblent assez récentes et ses barreaux assez souples. Dans les couloirs de l’Assemblée, chacun y allait de son hypothèse sur l’utilisation du réduit.
Parmi les pistes plausibles, figure celle d’un usage interne des soldats allemands qui occupaient le Palais-Bourbon durant la Seconde guerre mondiale. Des graffiti nazis sont d’ailleurs toujours visibles dans les combles du bâtiment, d’o├╣ les soldats surveillaient la Place de la Concorde, de l’autre côté de la Seine.

Jusqu’à présent, la seule cellule connue, baptisée « cellule de dégrisement », était destinée aux députés. Mais ce « petit local », de deux pièces meublées, relativement confortable, n’avait plus servi depuis que Léon GAMBETTA, alors président de la Chambre des députés (1879-1881) y avait fait enfermer le comte Armand Léon de BAUDRY d’ASSON, député royaliste de la Vendée (1876-1914).

La sanction avait en effet profité au comte, se transformant en énorme coup médiatique. Depuis lors, le local a été transformé en deux bureaux, affectés aujourd’hui à des députés UMP.

La dernière découverte insolite dans les locaux de l’Assemblée avait suscité une vive émotion chez les députés: celle, en 2005, d’ossements sous les locaux occupés par le groupe communiste. Il s’agissait en fait d’os de cheval… (AFP – jeudi 27 mai 2010) »

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LA POSITION DE « ROBIN DES LOIS »

Des informations exclusives nous permettent d’affirmer que cette « découverte » ne doit, en fait, rien au hasard. Il s’agirait, en réalité, d’un nouveau « coup médiatique » orchestré par le sympathique député Vert de la GIRONDE, No├½l MAMERE.

Comme beaucoup de Français, il est exaspéré par l’impunité dont jouit « Môssieur CHARLES » depuis des années. Pourtant, l’étau se resserre … Le Parquet Général a formé un pourvoi en cassation contre l’arrêt de la Cour de Justice de la République et des copains. Par ailleurs, la Cour d’Appel de PARIS s’apprête à rejuger Charles PASQUA et quelques autres coquins dans l’affaire dite « de l’ANGOLAGATE », et pourrait bien expédier l’honorable Sénateur derrière les barreaux.

Certes, il restera encore toutes les ficelles : la grâce pour « un détenu particulièrement méritant », inventée en 2008 par Nicolas SARKOZY pour libérer le « copain » – préfet Jean-Charles MARCHIANI… Et, pourquoi pas, la grâce médicale : tout le monde sait, en effet, que ce pauvre Sénateur est quasi mourant….

Toujours un peu cruel, No├½l MAMERE veut éviter toute clémence. Il est vrai que les petits cambrioleurs ou les modestes dealers de shit ont du mal à comprendre une République qui les assomme de lourdes peines de prison, tandis qu’elle protège ses élus les plus « ripoux »…

Après une enquête minutieuse, il a donc retrouvé la trace de ce cachot dans les archives, pour éviter toute échappatoire et tout prétexte. Une cellule à l’Assemblée : de quoi Charles PASQUA pourrait-il se plaindre, en effet ?!

Militant ardemment pour l’humanisation des prisons, ROBIN DES LOIS ne peut, cependant, accepter une telle éventualité . Ce cachot est, à l’évidence indigne, même s’il apparaît un peu plus vaste que certaines cellules o├╣ s’entassent actuellement de nombreux détenus.

Nous lançons donc une pétition en invitant tous les internautes à écrire au Président de l’Assemblée, M. Bernard ACCOYER
, pour que des travaux de mise aux normes soient réalisés dans cette cellule (douche, télévision, ventilation, éclairage, etc…) afin que l’éventuelle détention de Charles PASQUA ne se déroule pas dans des conditions inhumaines et dégradantes.

contact : francoiskorber@robindeslois.fr et
president@assemblee-nationale.fr

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Mai 212010
  

Patrick MAREST

Dans le cadre de l’opération « PRISON VALLEY« , nous avions annoncé un chat avec Florence AUBENAS, Présidente de l’O.I.P. (Observatoire International des Prisons )  .

Pour cause d’agenda, c’est, finalement, Patrick MAREST, délégué général de l’O.I.P., qui a animé le débat.

Nombre de ses réponses et observations nous apparaissent pertinentes et méritent d’êtres lues par tous ceux qu’intéressent les questions pénales et carcérales (cliquer ici)