Juin 222010
  

WITZWIL, entrée de la prison

L’été dernier, comme ses prédécesseurs de la Ve République, Jean-Marie BOCKEL, secrétaire d’État à la Justice, visitait la prison de Casabianda en CorseÔǪ et en revenait avec des idées pour sortir du  » tout béton  » le plan de construction de 13 200 nouvelles places ultra modernes datant de 2002.
Casabianda est en effet un  » modèle unique  » dans le paysage carcéral français. Sans murs, sans barreaux, sans miradors, c’est une prison ouverte de 194 places o├╣ l’on ne se suicide pas, o├╣ les agressions et évasions sont rares, le taux de récidive faible et qui a un ratio surveillant-détenus les plus faibles de France ÔǪ Bref, une prison qui  » réussit  » en silence depuis soixante ans sans avoir fait l’objet d’études scientifiques ni même suscité l’intérêt des professionnels du droit. Nos voisins Belges, Irlandais, Suédois, Finlandais ou encore Danois suivent déjà, quant à eux, des recommandations de l’Organisation des Nations unies datant de 1955 (!) en ce qui concerne le développement de prisons ouvertes.

Rappel sur ce qui se fait dans d’autres pays

  La prison de GIVENICH (Luxembourg), une réalité au plus près de la vie en société, Paul-Roger GONTARD

La prison de WITZWIL (Suisse) ou la socialisation par le travail, Paul-Roger GONTARD

A WITZWIL, la prison met la charrue avant les barreaux, Libération, 27 mars 2010

  « Les prisons ouvertes » : l’exemple autrichien, Jean-Marie BOCKEL visite deux établissements pénitentiaires en Autriche

CASABIANDA (photo MaxPPP)

En FRANCE

Seul le C.D. de CASABIANDA fonctionne de cette façon…

Cette affirmation est, d’ailleurs, inexacte car le C.D. de MAUZAC (24), dans sa partie « Vieux Camp », fonctionne exactement de la même façon, seul un mince grillage séparant les personnes détenues de la liberté. Des détenus qui travaillent toute la journée, libres, dans les champs ou pour suivre des formations en relation avec les métiers de l’agriculture.

En savoir plus sur Casabianda

Le Centre de Détention de CASABIANDA – Emblématique prison de paradoxes, Mémoire de Master de Paul-Roger GONTARD, Université Paul CEZANE – Aix-Marseille III, Faculté de Droit et de Science Politique, Master 2 Lutte Contre l’Insécurité, 2008

La presse en parle

La France s’intéresse au modèle des « prisons sans barreaux », Le Monde, 12 janvier 2010

En France il faut souffrir pour sa rédemption, article de Sonya FAURE, Libération, 27 mars 2010

La France tentée par les prisons sans barreaux, article de Timothée BOUTRY, Le Parisien, 29 mars 2010 (page 1 et page2)

Dans la nature on ne s’évade pas, article de Nathalie COLIN, Revue Transrural Initiatives, mai 2010

La France veut s’ouvrir aux prisons sans barreaux, article de Marie BOETON , La Croix, 2 juin 2010

Casabianda cette prison ouverte d’o├╣ l’on se s’évade pas, article de Julie QUILICI, Corse Matin, 19 juin 2010

Rapport remis au Ministère en 2010

MISSION D’ETUDE DE FAISABILITE : Le régime ouvert de détention peut-il être étendu dans le champ pénitentiaire français ? par Paul-Roger GONTARD
Rapport
et synthèse du rapport

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Pour Patrick MAREST, délégué général de l’O.I.P. : « ce rapport est une révolution culturelle ». Il souligne cependant « le risque de voir se créer un archipel carcéral » et qualifie les prisons ouvertes de « cache misère » (interview accordée du JDD, le 2 avril 2010)

ROBIN DES LOIS ne partage pas totalement ce point de vue car , depuis toujours, existent les « bonnes prisons » réservées aux détenus dociles et soumis. Et les « prisons dures » pour les rebelles et les insoumis. Ou ceux qualifiés de « dangereux » par l’Administration. Nous sommes pleinement d’accord, en revanche, avec l’idée que l’engouement pour CASABIANDA nous donne, l’opportunité de défendre de façon cohérente 1) le numerus clausus 2) les peine alternatives 3) de faire avancer l’idée des prisons ouvertes.

Juin 092010
  

C.P.A. de VILLEJUIF

Près de Paris, des détenus se préparent un avenir dans la « Rolls Royce » des prisons |06/06/2010| AFP

La prison de Fresnes, vétuste et surpeuplée, n’est qu’à quelques kilomètres, mais semble à des années-lumière : à Villejuif, dans un bâtiment propret, 40 détenus bénéficient d’une « chambre » individuelle avec salle de bain et d’ateliers pour préparer le retour à la liberté.

Niché depuis 2006 dans une zone pavillonnaire à deux pas de Paris, le Centre pour Peines aménagées (CPA) de Villejuif n’est pas une prison comme les autres. « C’est la Rolls Royce des lieux de détention », résume Martine Hercou├½t, juge d’application des peines à Créteil.

Ici, les détenus ont les clés de leur « chambre » – le mot « cellule » est banni – et peuvent, jusqu’à 20H30, déambuler librement dans le bâtiment qui abrite une salle d’ordinateurs rutilante et une bibliothèque. Pour accéder à l’étage de la direction, rien de plus simple : il suffit de pousser une porte battante.

« Certains oublient qu’ils sont ici en prison », relève un gardien.

« C’est sûr que quand tu arrives de Fresnes o├╣ t’es à trois par cellule, ça change un peu la donne », sourit Jalil (1), 27 ans, nouveau venu au CPA.

Le changement ne s’arrête pas là. Pendant leur premier mois à Villejuif, les détenus ont droit à un véritable « check up » : bilans de compétence, aide à la rédaction de curriculum vitae, entrevue avec un psychanalyste, séances avec une « socio-esthéticienne » pour travailler sur l’apparence.

« Franchement, je pensais que j’avais fait que des boulots de merde. Mais la confiance revient », poursuit Jalil, déroulant son passé d’ado plus intéressé par les « Pascal », les anciens billets de 500 francs, que par les bancs de l’école.

« Après le CM2, il ne s’est plus passé grand-chose pour eux. Ici, on les aide à se familiariser avec un monde du travail qu’ils ne connaissent pas », souligne Daniel Toussaint, un ex-conseiller en ressources humaines qui organise des simulations d’entretien d’embauche dans l’établissement.

Après ce premier mois et l’accord du juge, s’ouvre une nouvelle phase. Les détenus peuvent obtenir des autorisations de sortie pendant la journée pour s’inscrire à Pole Emploi, répondre à des annonces ou régulariser leur situation au Trésor public.

Certains trouvent alors un emploi et peuvent espérer, à terme, une libération conditionnelle.

« La prison, c’est la jungle. Ici, tu ressors avec quelque chose », assure Eddy, 24 ans, qui travaille en intérim dans l’électronique la journée et regagne le CPA le soir.

« L’idée est de créer un sas pour préparer le retour à la liberté. Il faudra qu’ils trouvent un travail mais aussi qu’ils apprennent à le garder », dit Valérie Bias-Wirbel, la directrice du centre.

Le dispositif repose sur une idée forte : casser le rythme de la détention. « Dans une prison classique, tout est réglé à la minute. On dit au détenu quand il doit manger, se laver, se promener. Ici, il gère son temps, en assume les conséquences et s’autonomise », détaille la directrice.

A Villejuif, le détenu qui oublie les horaires des repas devra se passer de nourriture. Ceux qui délaissent leur projet d’insertion ou enfreignent les règles de l’établissement s’exposent à des sanctions plus graves, allant de la privation de sortie le week-end au retour dans une maison d’arrêt.

Le projet n’est pas infaillible. Près de 10% des détenus profitent d’une autorisation de sortie pour se perdre dans la nature – à Villejuif, on ne parle pas d' »évasion » mais de « non-réintégration » – et la rechute n’est jamais exclue.

« Il peut y avoir des récidives et des retours en prison. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on reprendra le travail de moins loin », relativise Stéphanie Langlais, du Service pénitentiaire d’Insertion et de Probation.

(1) Les prénoms ont été modifiés

Jérémy TORDJMAN

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 Publié par à 12 h 08 min
Mai 212010
  

Patrick MAREST

Dans le cadre de l’opération « PRISON VALLEY« , nous avions annoncé un chat avec Florence AUBENAS, Présidente de l’O.I.P. (Observatoire International des Prisons )  .

Pour cause d’agenda, c’est, finalement, Patrick MAREST, délégué général de l’O.I.P., qui a animé le débat.

Nombre de ses réponses et observations nous apparaissent pertinentes et méritent d’êtres lues par tous ceux qu’intéressent les questions pénales et carcérales (cliquer ici)