» Ce prélèvement devrait être gardé pour les victimes et la réinsertion », ajoute celui qui a permis l’arrivée de la télévision dans les prisons en 1985. Cette déclaration intervient alors que l’association ROBIN DES LOIS dénonce « le racket institutionnalisé de la télévision dans les prisons » dans un courrier à l’actuelle garde des Sceaux, Michèle ALLIOT-MARIE. Les établissements pénitentiaires sous tutelle publique gérés par des associations ont en effet la liberté de pratiquer des tarifs de location différents. La ministre a demandé un état des lieux à l’administration pénitentiaire. Le rapport sera rendu à la rentrée.
Robert BADINTER, ancien garde des Sceaux, de juin 1981 à février 1986, a permis l’arrivée de la télévision dans les cellules. Il s’érige aujourd’hui contre le système de location des postes. Et se prononce pour un accès au Web des détenus
Pourquoi avez-vous autorisé la télévision dans les prisons, en 1985, en tant que garde des Sceaux?
Robert BADINTER. La prison est un monde clos, fermé de l’extérieur, avec des ouvertures assez étroites et filtrées. On oublie que le détenu est voué à en sortir, il faut l’y préparer. Or, la réinsertion se prépare depuis la prison. Même quand les peines sont courtes, je recommande qu’il n’y ait pas de rupture de contact avec l’extérieur. La télévision contribue à cette ouverture. Dès 1982, j’ai voulu favoriser l’accès au petit écran, non pas une fois par semaine pour regarder les matchs ou un film, mais tous les jours, afin que les détenus soient en contact avec les moyens d’information. Cette volonté a été bien accueillie – j’allais dire pour une fois – par le personnel pénitentiaire. C’est à la fois un moyen de regarder ce qu’il se passe dehors et un facteur d’apaisement des tensions carcérales. Pour moi, c’était surtout un facteur éminent de sociabilité.
L’opinion publique n’y était-elle pas hostile, comme elle était hostile à l’abolition de la peine de mort?
R.B. L’opération était, c’est vrai, très mal vue du public. La télévision restait alors un instrument de divertissement et, sinon un luxe, au moins une commodité. Quand l’annonce a été faite, elle n’a pas été populaire, comme toutes les mesures prises en faveur des détenus. C’est le mythe de la prison quatre étoiles qui revient périodiquement. Au début du siècle, déjà, pour l’ouverture de la prison de Fresnes, avec ses bouches de chauffage dans les cellules et ses lavabos individuels, une caricature montrait un gardien apportant un sceau à champagne à un détenu en robe de chambre, cigare aux lèvres.
Vous êtes-vous heurté à des difficultés pour la mise en œuvre de votre décision?
R.B. La mise en place des téléviseurs était prévue pour la Coupe du monde de football, en juin 1986. C’était une occasion pour les détenus de suivre les matchs autrement qu’à la radio et de créer un facteur d’apaisement et de sociabilité dans des prisons surpeuplées. Mais voilà que les crédits affectés à l’opération ont été épuisés par les travaux d’installation. Il n’y en avait plus pour l’achat de postes. Nous avons donc retenu une formule transitoire de location des téléviseurs et de remboursement sur le pécule du détenu. Malheureusement, j’ai constaté qu’après vingt-cinq ans, la télévision était toujours louée. C’est honteux! Ce prélèvement devrait être gardé pour les victimes et la réinsertion. Dans un monde comme le nôtre, il n’y a rien de plus facile que de faire un appel au public pour obtenir des postes. Il faut mobiliser les fonds nécessaires ou utiliser les médias.
Faut-il aujourd’hui permettre un accès du détenu à Internet pour favoriser sa réinsertion?
R.B. Absolument. Cela doit procéder de la même inspiration. Tout ce qui constitue une fenêtre sur le monde et favorise l’information est bon à prendre, si c’est techniquement possible et sous réserve des exigences de sécurité. Il faut apprécier bien sûr les situations et les possibilités de filtrage.
Comment jugez-vous les rapports prison-médias?
R.B. Les médias ne s’intéressent qu’épisodiquement à la prison, par à-coups, dans la mesure o├╣ cela intéresse le public: s’il y a un drame ou pour la sortie du livre du docteur VASSEUR [médecin chef à la prison de la Santé]. Or, le public, lui, s’intéresse à ce que révèlent les médias. Il faut profiter de ces moments d’intérêt pour mettre l’accent sur des problèmes clés, comme la surpopulation pénale ou la santé mentale des détenus. Si le régime des centrales s’est sensiblement amélioré, ce n’est pas le cas pour les maisons d’arrêt. La surpopulation y est présente et parfois insupportable. Il y a alors impossibilité de préparer la réinsertion.
A LIRE, également, un article d’Émilie CAILLEAU sur le site L’EXPRESS.fr : la télé doit-elle être gratuite dans les cellules ?
La question de l’accès à INTERNET dans les cellules commence à être évoquée. Sinon dans les cellules, tout au moins dans les salles d’informatique existantes, et qu’il suffit de relier au Web. Nous en sommes heureux puisque, dès 2008, François KORBER avait lancé cette idée, que ROBIN DES LOIS reprend dans sa CHARTE. Il est impossible, aujourd’hui, de chercher un emploi, derrière les murs, sans Internet. Il est impossible, aujourd’hui, de faire des études, derrières les murs, sans télécharger des cours (les polycopiés n’existent presque plus). C’est, en outre, un formidable outil de maintien des liens familiaux.
Aucun argument de sécurité ne peut s’y opposer. Nous y reviendrons, une fois réglé le problème de la télévision. Les Chinois nous ont montré, lors des Jeux Olympiques, qu’il était parfaitement possible de bloquer l’accès à un certain nombre de sites… Il est, par ailleurs, très facile de contrôler les mails « entrants » et les mails « sortants », sur le principe du modérateur des chats…
La newsletter de STRATEGIES n° 5584 du jeudi 26 août 2010 reprenait largement l’appel de Robert BADINTER et rappelait la campagne de ROBIN DES LOIS en cours
Enfin, ce même magazine publiait, dans son numéro 1598 du 26 août 2010 un passionnant dossier réalisé par Amaury de ROCHEGONDE, titré : LES MÉDIAS OUVRENT LES PORTES DU PÉNITENCIER , cette ENQU├èTE confirmant, s’il en était besoin, l’importance de l’ensemble des médias pour aider les personnes détenues à s’insérer ou se réinsérer , avec l’interview de robert BADINTER sur la nécessaire gratuité de la télévision dans les prisons.
je vous trouve , tres etrange cher monsieur , vos articles que je suis de pres , montre vos limites ……d’ailleurs vous avez enlever son nom …..vous n’assumez meme pas vos ecrits , ou plus , ce premier surveillant a eu le merite de se denoncer , de rembourser , de reconnaitre ces erreurs et maintenant vous surfez la dessus , vous auriez mieux fait de faire du people….cela vous irait a merveilles…
Nous n’avons pas trop de temps à perdre avec des polémiques stériles.Nous avons expliqué , dans une précédente réponse, que le nom du premier surveillant avait été publié par erreur, ce qui n’était pas intentionnel. Pour nous, ce procès n’était pas important à cause de ce premier surveillant . Il était important pour ce qu’il révélait d’un système opaque, secret et – souvent – malhonnête : le fonctionnement des A.S.C.S. Nous n’avons rien inventé : lisez les 2 rapports de la Cour des Comptes publiés sur notre site.
Vous semblez, maintenant, nous reprocher d’avoir réparé une erreur et enlevé le nom ! Il faudrait faire attention à ne pas trop fumer la moquette … C’est nuisible pour la santé…
Quant au « mérite » , vous ne voulez pas, tout de même, qu’on lui donne la médaille en plus ?! Nous ne sommes pas des justiciers et son « cas » ne nous intéresse pas, sachant que les faits auraient pu se produire dans n’importe quelle ASCS, puisque : les comptes sont secrets et que les détenus – principaux bailleurs de fonds avec leurs maigres ressources ou les subsides envoyés – ne sont pas représentés dans ces associations loi de 1901, ce qui est illégal. Nous entendons bien faire changer cette situation, que cela vous plaise , ou non. D’ailleurs, à VARENNES-LE-GRAND, le nouveau patron de l’ASCS locale a tiré les leçons de cette navrante affaire : les comptes sont « publics » et un exemplaire se trouve déposé à la bibliothèque.Ainsi, les personnes détenues savent à quoi est employé LEUR argent, et quel est le « prix » des activités dont ils bénéficient .
le Bureau