Oct 312010
  

Nous avons déniché un intéressant article de Georges MOREAS sur les suicides en prison.

 » (…) 115 suicides en 2009. La moyenne de ces dernières années est de 20 suicides pour dix mille détenus. Environ un suicide tous les trois jours. Cela est-il dû à la surpopulation ? Le taux de remplissage serait d’environ 140% dans les maisons d’arrêt, là o├╣ sont incarcérées notamment les personnes en attente de jugement. Certains établissements tournant même, paraît-il, autour de 200%.

Dans son rapport, le contrôleur général des prisons, M. Jean-Marie DELARUE, demande plus simplement une humanisation des conditions de détention. Tandis que pour faire face au manque de personnel et de places, on s’oriente tout au contraire vers la robotisation. Comme la reconnaissance biométrique, via le fichier BIOAP (décret du 7 juin 2010 sur Lexinter.net). Á chaque déplacement, les détenus devront appliquer leur index sur une borne qui vérifiera leur identité. Sans parler de l’omniprésence des caméras de surveillanceÔǪ

Il faut dire que, du fait du surpeuplement, les risques d’évasion augmentent. Vingt-et-une, en 2009 (…) »

Nous ne pouvons, évidemment, pas souscrire à cette dernière phrase : jamais le taux d’évasions n’a été aussi faible, l’Administration Pénitentiaire ayant sacrifié, depuis des années, le budget « réinsertion » au détriment du budget « garde » et « sécurité ». Mais il faut lire le reste de l’article … Et le diffuser pour faire prendre conscience au « bon peuple » de ce qui se passe dans « ses » prisons. Nombre de ces suicides seraient évitables : humanisation des conditions de détention, arrêt de la construction de « monstres » d’acier et de caméras pour le seul profit de gros industriels cotés en Bourse,peines alternatives, efforts de formation et d’aide à la réinsertion…

 Publié par à 17 h 23 min

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Gérald DAHAN va finir en prison !…

30 octobre, 2010 (00:07) | humour | By: admin

ROBIN DES LOIS aborde des sujets graves et sérieux, parfois douloureux et tragiques.

Mais nous estimons que l’on peut également militer avec l’humour et le pamphlet.

Nous ne résistons donc pas au plaisir de diffuser l’extraordinaire Chronique de Gérald DAHAN sur FRANCE-INTER, le mercredi 27 octobre 2010 à 8 h 55.

Il prend la voix de Patrick TIMSIT face à une Michèle ALLIOT-MARIE d’abord pincée, puis carrément agacée, faisant mine de fouiller dans son sac à main pour se donner une contenance… Ce texte éblouissant sur la prison et la Justice sous la République de Nicolas SARKOZY en dit plus long que des dizaines d’éditoriaux !

Parions que – dans 15 ou 20 ans – on le diffusera dans les Écoles de la Magistrature pour comprendre ce que fut la politique judiciaire national-sarkozyste…

_________________________________________________________________________

DERNIÈRE MINUTE

Nous nous étions trompés. Gérald DAHAN n’est pas allé en prison. Il a été viré …

LIRE AUSSI le récit de MEDIAPART : ALLIOT-MARIE fait virer Gérald DAHAN

par Jean REX, le dimanche 31 octobre 2011

ET CELUI DE RUE 89 : LA MALÉDICTION DES HUMORISTES CONTINUE SUR INTER


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Oct 292010
  

Ce jeudi 28 octobre 2010, l’ association ROBIN DES LOIS a organisé une conférence de presse dans une salle de l’Assemblée Nationale avec Jean-Jacques URVOAS, député du FINIST├êRE et Richard YUNG , Sénateur représentant les Français établis hors de FRANCE, porteurs du même PROJET que nous.

L’objectif était triple :

  1. lancer un appel à tou(te)s les député(e)s et sénateurs(trices) en faveur de la gratuité de la télévision dans les prisons (cliquer)

Cet appel est très consensuel. Il s’adresse à tous les député(e)s et sénateurs(trices), sans exclusive. La télévision doit faire partie, en FRANCE, du « minimum carcéral », ce qui était prévu dès 1985 par Robert BADINTER, la promesse ayant été renouvelée par Pascal CLÉMENT – alors Garde des Sceaux – le 20 octobre 2006 sur les ondes de FRANCE-INTER . En 2000, tous les députés et sénateurs – « de droite » comme « de gauche » – avaient voté, à l’unanimité , les 2 rapports des Commissions d’Enquête Parlementaires sur les prisons. Parmi les tares alors dénoncées figurait le système inique des locations de téléviseurs. Il n’existe aucune raison pour que les mêmes députés et sénateurs, aujourd’hui, renient leur vote et ne votent pas le texte qui – nous en sommes certains – va instaurer la gratuité de la télévision dans les prisons.

_______________________________


Appel en faveur de la gratuité de l’accès à la télévision dans les prisons

 

Depuis une dizaine d’années, plusieurs voix se sont élevées pour demander que soit mis un terme au système de location payante des téléviseurs en prison. Aujourd’hui, le temps est venu de rompre définitivement avec une gestion opaque et injuste, mise en lumière par de nombreux rapports, notamment ceux de la Cour des comptes.

Rendre gratuit l’accès à la télévision dans les établissements pénitentiaires apparaît désormais comme une impérieuse nécessité.

La télévision fait partie de ce  » minimum carcéral  » qui permet aux détenus de maintenir un lien avec la  » société du dehors « . En complément d’activités et de formations, la télévision est un outil de culture et d’information, deux dimensions importantes pour envisager une réinsertion réussie.

Une opportunité historique se présente à nous. En novembre 2011, tous les Français recevront gratuitement 23 chaînes de télévision. Il serait impensable que seules les personnes détenues continuent de se voir refuser cette gratuité.

La privation de liberté, autrement dit la privation d’aller et venir, ne signifie pas la privation de l’ensemble des droits. Dans notre esprit, la mise à disposition à titre gratuit des téléviseurs dans les prisons ne serait pas un cadeau fait aux personnes détenues, mais un pas de plus vers un renforcement de leurs droits.

 

Premiers signataires (sachant que nous n’avons sollicité, au départ, que quelques élu(e)s très impliqués, depuis longtemps, dans les questions pénales et carcérales) :

député(e)s_________________________________ sénateurs(trices)

Jean-Jacques URVOAS (FINIST├êRE) …………………….. Richard YUNG (Français hors de FRANCE
Dominique RAIMBOURG (LOIRE-ATLANTIQUE) ……… Nicole BORVO COHEN-SEAT (PARIS)
 

Michel VAXES (BOUCHES-DU-RH├öNE).………………….Alima BOUMEDIENE-THIERY (PARIS)

Marylise LEBRANCHU (FINIST├êRE) …………………. Louis MERMAZ (IS├êRE)

…………………………………………………………………. Josiane MATHON-POINAT (LOIRE)

2.  présenter un plan concret, juridique et financier, chiffré, pour faire voter la gratuité (cliquer) 


L’ ARGUMENTAIRE que l’on peut consulter ici a été rédigé par ROBIN DES LOIS et l’un de ses experts en matière technique. Chaque élu peut y puiser les arguments qu’il estimera utiles pour défendre l’amendement à la loi de finances qui sera débattu à l’Assemblée et au Sénat.

Nous ne sommes pas dans une logique politicienne. Il s’agit, ici, de simple Justice et de simple Humanité. Chaque élu est invité à se déterminer en conscience, tout en convainquant ses collègues de voter l’amendement mis au point par Richard YUNG (Sénat) et Jean-Jacques URVOAS (Assemblée)


3. présenter un amendement à la loi de finances 2011 (cliquer ici) 


Cet amendement à la loi de Finances pour 2011 permet d’instaurer immédiatement la gratuité sans dépenser un euro de plus qu’il n’était prévu dans le projet de Budget du Ministère de la Justice. Le coût de cette mesure sera, d’autre part, compensé par un meilleur taux de recouvrement de l’aide juridictionnelle, celui-ci n’étant prévu pour 2011 qu’à hauteur de 12 %.

__________________________________________________________________________

ÉCOUTER LA CONFÉRENCE DE PRESSE SUR :

FRANCE-INFO (par Anne LAMOTTE) (fichier-son en attente)

EUROPE 1 – LE JOURNAL de 12h30 (par Guillaume BIET)

FRANCE BLEU ILE-DE-FRANCE (par Martine BRESON) (fichier-son en attente )

LIRE ET ÉCOUTER, aussi :

LE FIGARO.fr

EUROPE1.fr (par Maud DESCAMPS) : la télé, vitale derrière les barreaux (à écouter en ligne)  ou à télécharger 

 

scène de cellule au quotidien ┬®MAX PPP

 


 Publié par à 0 h 10 min

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Oct 282010
  

Nous vous invitons à lire un excellent article de TF1 NEWS, hélas conforme à tout ce que nous connaissons, à de rares exceptions près..

 

prison ┬® LCI

LIRE ET ÉCOUTER également :

l’accès aux soins en prison remis en question

ACT UP PARIS Plan sanitaire détenuEs 2010 – 2014 : un plan lâche et hypocrite



 Publié par à 21 h 59 min

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Oct 262010
  

En Province ( LA MONTAGNE ) comme à PARIS (LE NOUVEL OBS.Com), les médias reprennent, pour l’instant, les infos très sommaires données dimanche soir et lundi par la Chancellerie…

Nous avons fait part de notre extrême réserve, car – depuis 4 ans – la Chancellerie n’a cessé de mentir sur ce sujet. En l’occurrence, on ignore si la décison est prise ou pas prise. Et sous quelle forme : décret ? arrêté ? Circulaire ? Il est impossible d’obtenir le moindre document écrit…

ROBIN DES LOIS ne dévie pas du chemin tracé pour la gratuité totale et révèlera son plan technique et financier ce jeudi 28 octobre à 10 heures lors d’une conférence de Presse tenue à l’Assemblée Nationale, de façon très consensuelle, avec des député(e)s et sénateurs(trices) de tous bords, mais très investi(e)s dans la défense des droits des personnes détenues depuis des années.

Un projet clair, un plan chiffré et précis, des données concrètes.


LIRE AUSSI :

le blog de Jean-Marc MORANDINI

le « blog » de Guillaume DIDIER, porte-parole de Michèle ALLIOT-MARIE

LIBÉRATION.fr

LE MONDE.fr


 Publié par à 19 h 53 min

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Oct 252010
  

Nous sommes très heureux de l’intérêt croissant porté aux conditions de détention et, en particulier à la question cruciale du racket des locations de téléviseurs.

L’ A.F.P. a publié, ce lundi matin , une dépêche  qui, cependant, ne nous en apprend guère plus sur le sérieux de l’annonce faite dimanche dans le 20 heures de TF1 par Guillaume DIDIER, en réponse aux critiques de François KORBER, délégué général de ROBIN DES LOIS, et au combat mené depuis 18 mois.

Invité à réagir, ROBIN DES LOIS a adressé le COMMUNIQUE ci-dessous à l’A.F.P. dans l’après-midi :

« Depuis 18 mois, François KORBER – aujourd’hui délégué général de l’association ROBIN DES LOIS – mène, entre autres, une très active campagne pour lutter contre le racket institutionnalisé de la télévision. Sachant que les tarifs de location mensuelle imposés aux personnes détenues atteignent parfois 30, 35 ou 40 euros par mois sans que personne ne sache o├╣ disparaissent ces sommes faramineuses.

ROBIN DES LOIS a appris, comme tout le monde, hier au soir, dans un sujet du 20 heures de Claire CHAZAL pour lequel il intervenait , que la Chancellerie aurait décidé de baisser soudainement les tarifs de location dans toute la FRANCE à 8 euros par mois, ce qui serait le prix coûtant. Si cette information est exacte et ne constitue pas un effet d’annonce, nous nous réjouissons de cette colossale avancée dans l’humanisation des prisons. Nous préférons, en effet, que les personnes détenues utilisent leurs maigres ressources pour : se nourrir, acheter des livres, des timbres ou des vêtements, ou téléphoner à leurs familles.

Nous sommes, cependant, très prudents. En effet, le 20 octobre 2006, Pascal CLÉMENT annonçait la mise en place de la gratuité « imminente ». Sur le sujet de la télévision, Michèle ALLIOT-MARIE a beaucoup menti depuis un an, y compris aux députés et à la Presse. En l’état, personne ne sait comment sera formalisée la décision annoncée : circulaire ? arrêté ? décret ? Le chiffre annoncé de 8 euros comme étant le prix coûtant ne correspond pas, non plus, aux chiffres dont nous disposons.

En tout état de cause, ROBIN DES LOIS poursuit son combat pour la gratuité totale de la télévision dans les prisons. Laquelle doit s’imposer comme faisant partie du « minimum carcéral ». Nous organisons, ce jeudi 28 octobre à 10 heures, avec plusieurs députés et sénateurs de toutes tendances un « appel » en faveur de la gratuité. A l’occasion de cette réunion de presse, nous allons dévoiler un plan chiffré et technique pour parvenir à la gratuité totale, avec un amendement à la prochaine loi de finances. Contrairement à la Chancellerie, nous mettrons tout sur la table : les chiffres, le coût réel, et les moyens d’y parvenir »

La suite, jeudi !

LIRE AUSSI :

TÉLÉ NUMÉRIQUE


 Publié par à 22 h 30 min

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Oct 242010
  

Nous sommes heureux de constater que la campagne initiée par ROBIN DES LOIS contre le racket de la location des téléviseurs dans les prisons porte ses fruits. Nous remercions tous les journalistes qui, depuis deux mois, ont bien voulu s’intéresser à cette question et – de ce fait – nous soutenir. Et bien sûr, tous ceux (associations, journalistes, sites web, etc…) qui, depuis le 3 avril 2009 , ont soutenu le combat initial de François KORBER, aujourd’hui délégué général de ROBIN DES LOIS.

Ce dimanche 24 octobre 2010, le sujet était remarquablement traité par Gwena├½lle BELLEC dans le JT de 20 heures présenté par Claire CHAZAL. Nous ne sommes cependant pas dupes de l’effet d’annonce de la Chancellerie qui – cette fois – promet la location « à prix coûtant », soit 8 euros par mois (il y a encore un an, on trouvait des locations à fonds perdus à 35, 38 ou 40 euros par mois). Michèle ALLIOT-MARIE n’a, en effet, cessé de mentir depuis septembre 2009 sur ce sujet. C’est pourquoi ROBIN DES LOIS lance un appel, ce jeudi 28 octobre 2010, en faveur de la gratuité, avec un plan chiffré que nous dévoilerons à la Presse et le soutien de plusieurs députés et sénateurs de tous horizons politiques (Assemblée Nationale, 10 heures , au 8ème Bureau de l’Assemblée) …

voir le reportage dans le J.T. de TF1 (20 heures) du dimanche 24 octobre 2010

Rappelons que, l’an dernier, l’Administration Pénitentiaire, à la même époque, avait osé poursuivre en diffamation devant le T.G.I. de (77) MELUN François KORBER qui dénonçait, déjà, le racket institutionnalisé de la location des téléviseurs. Et l’association BAN PUBLIC qui avait diffusé ses RECOURS judiciaires… Le procès avait été lamentablement déclaré « irrecevable » et avait tourné au ridicule des racketteurs – poursuiveurs. Il était donc savoureux – ce dimanche soir – d’entendre Claire CHAZAL employer l’ expression de « racket »… aujourd’hui banalisée pour dénoncer une consternante vérité. Comme le disait notre cher VIRGILE : « Audaces fortuna juvat » (la chance sourit aux audacieux) !

 Publié par à 23 h 28 min

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être étudiant en prison : l’évasion par le haut

23 octobre, 2010 (22:42) | etudes en prison | By: admin

ROBIN DES LOIS n’a pas encore pu lire ce livre , publié par Fanny SALANE à LA DOCUMENTATION FRAN├çAISE

Nous vous donnerons notre opinion dès qu’il nous sera parvenu. Nous reproduisons dans l’immédiat un article de Luc BRULIARD dans LES CAHIERS PÉDAGOGIQUES, qui nous paraît refléter la réalité et, en particulier, l’extrême difficulté de suivre des études en prison. Lorsque certains fonctionnaires de l’A.P. n’y font, carrément, pas obstruction… Contrairement à bien des idées reçues, faire des études en prison relève – bien souvent – d’un indigne « parcours du combattant ».

 » (…) Ce livre de Fanny SALANE, maitre de conférence à l’université PARIS – OUEST NANTERRE LA DÉFENSE, constitue la version publiée d’une thèse de doctorat de sciences de l’éducation soutenue en 2008 à Paris V.Il s’agit d’une recherche qui peut sembler au premier abord anecdotique sur les personnes incarcérées dans les prisons françaises qui suivent des cursus postbaccalauréat (BTS, université, etc.) et que Fanny SALANE appelle « détenus-étudiants ».

Notons en introduction que le lecteur cherchera vainement dans l’ouvrage un quelconque aspect voyeuriste ou sensationnaliste qui caractérise parfois le regard porté sur le milieu carcéral. Le propos est centré sur la question des études, et c’est cette approche qui suscite interrogations, et interpellations au besoin, sur la politique carcérale et les conditions d’existence des détenus.

Fanny SALANE propose en effet une analyse sociologique minutieuse et distanciée d’une population de quelques centaines d’individus, analyse qui s’appuie sur une méthodologie rigoureuse : questionnaires (soixante-quatre questionnaires d’hommes et sept de femmes) et entretiens (quarante-quatre entretiens d’hommes et un de femme).
L’auteure dresse d’abord le portrait global de la population étudiée. Les « détenus-étudiants » ne sont pas particulièrement représentatifs de l’ensemble de la population carcérale : plus âgés, avec un meilleur niveau scolaire, une inscription professionnelle attestée, condamnés à de longues peines. Le parcours de ces « détenus-étudiants », leur expérience scolaire, sont bornés au fil des chapitres de l’ouvrage. Fanny SALANE traite de l’entrée dans les études, liée au parcours de chacun avant l’incarcération, mais aussi au « parcours » judiciaire du détenu. Il s’agit pour certains de poursuivre des études commencées dehors, pour d’autres d’une « installation » dans le statut de détenu, une fois la peine prononcée, une fois acquis le caractère définitif de l’établissement o├╣ ils seront détenus, une fois engagée une inévitable collaboration avec l’encadrement de l’établissement pénitentiaire. Cette entrée ou reprise d’études est souvent présentée par les intéressés comme « moyen de survie », une « évasion par le haut » comme l’indique le titre de l’ouvrage. En effet, au-delà des avantages pratiques qui peuvent en découler (liberté de déplacement dans l’établissement, remises de peine éventuelles, meilleures capacités à se défendre face au système carcéral), ce sont d’autres atouts qui sont envisagés, notamment le développement intellectuel (dans un milieu souvent peu stimulant) et le fait de restaurer son identité, d’exister pour soi-même ou ses proches (l’auteure insiste notamment sur le rôle des compagnes) autrement que comme détenu. Fanny SALANE présente ensuite les conditions d’études. Contrairement aux idées reçues, les contraintes liées à la détention sont nombreuses : le bruit, la promiscuité apparaissent bien évidemment. Mais d’autres contraintes matérielles existent comme la difficulté à se procurer les fournitures pour étudier, et notamment les ordinateurs portables, l’impossibilité d’accéder à l’internet ; ces contraintes matérielles ont pour conséquence d’alourdir le prix des études d’un public aux ressources souvent rares. De ce fait, certains « détenus-étudiants » travaillent, d’autres pas.

En outre, les politiques menées dans chaque prison envers eux sont diverses. Il en résulte une grande inégalité de traitement entre « détenus-étudiants », entre ceux qui ont des ressources (de l’argent ou un réseau collaboratif à l’extérieur comme à l’intérieur de la prison) et ceux qui n’en disposent pas.

Autre grande difficulté, le lien avec les établissements ou les organismes chargés de diffuser la formation. Il existe certes des enseignants qui interviennent en prison, mais leur axe d’intervention est plutôt le niveau du primaire ou du secondaire, rarement le supérieur. Pour l’essentiel, les « détenus-étudiants » suivent donc des formations à distance qui se réduisent le plus souvent à des enseignements par correspondance. L’absence d’interactions avec les enseignants (via internet notamment), l’isolement (absence d’échanges avec d’autres étudiants) contribuent à un certain brouillage des intéressés vis-à-vis du « métier d’étudiant ». Les entretiens montrent d’ailleurs une grande variété de positionnement, avec parfois des manques de stratégie pour réussir comme une absence de connaissance fine des cursus et des modalités de validation. Il n’existe pas de statut spécifique pour les détenus qui suivent des études supérieures et l’oscillation des positionnements de « détenu » à « étudiant » n’apparait pas comme facilitant leurs études.

Au fil de l’ouvrage, des questions que posent les « détenus-étudiants » se dégagent. Tout d’abord, la question des limites de la scolarisation en milieu carcéral. Le travail de Fanny SALANE appelle le triple constat suivant : les prisons françaises ont fait des efforts conséquents en termes de scolarisation des détenus, notamment pour les détenus jeunes ou qui ont un faible niveau scolaire ; il y a certes la possibilité d’y suivre des études supérieures, mais cette possibilité relève plutôt du privilège que du droit. Et les études supérieures sont plutôt favorisées dans un registre occupationnel que dans une perspective de sortie (réinsertion ou emploi). Il y a là contradiction entre les intentions affichées dans les politiques pénitentiaires et les pratiques effectives observées dans les établissements au travers de cette enquête. La mise en œuvre de pratiques généralisées combinant respect du droit aux études supérieures, réponses aux attentes et besoins spécifiques des individus et impératifs de sécurité apparait dès lors comme une nécessité.

L’intérêt du travail de Fanny SALANE réside aussi dans le fait qu’il apporte aussi un éclairage (par les conditions « extrêmes » dans lesquelles les « détenus-étudiants » poursuivent des études) sur la situation des étudiants plus ordinaires. Les difficultés à faire un « bon choix », à trouver les conseils adéquats pour entreprendre les études, à prendre en compte les contraintes matérielles et financières, à saisir les attentes (parfois implicites) des enseignants, les subtilités des cursus, à comprendre les modalités d’évaluation, tout cela est le lot commun de nombreux étudiants. L’ambig├╝ité de la représentation d’eux-mêmes qu’ont les « détenus-étudiants » du fait du cadre singulier de leurs études n’a-t-elle rien à voir avec celle qu’ont nombre d’étudiants précaires (perturbés par les questions de logement, de travail, de transport, de santé, etc.) ? On peut se poser la question. La prise en compte de « la marge » en matière d’éducation étant souvent précieuse, l’étude de cette population doublement marginale (en tant que population carcérale et en tant que population étudiante) est utile et salutaire. Cet ouvrage est certes un travail de sociologue, et le constat sociologique a souvent raison de la « bonne volonté » des décideurs et des usagers. Il confirme les constats déjà établis des profondes inégalités qui régissent la vie étudiante (jusque dans les prisons !) ; mais Fanny SALANE met aussi en avant la capacité des individus à transcender les difficultés pour réussir leurs études, l’ingéniosité qu’ils mettent en œuvre, leur soif d’apprendre et de savoir qui permet leur restauration narcissique. Finalement, loin d’être anecdotique, ├ètre étudiant en prison – L’évasion par le haut devrait susciter la réflexion sur une possible pédagogie des détenus-étudiants, et plus largement une réflexion sur la place de la pédagogie dans l’enseignement supérieur.

Luc BRULIARD

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Oct 202009
  

On trouvera ici les deux Rapports essentiels de la Cour des Comptes concernant la gestion des prisons :

– janvier 2006 Garde et réinsertion – la gestion des prisons
– juillet 2010 le service public pénitentiaire : prévenir la récidive, gérer la vie carcérale

 Publié par à 15 h 04 min

  1 commentaire à “Rapports de la cour des comptes”

  1. […] tous ceux que l’économie de la prison intéresse, lire les deux Rapports de la Cour des Comptes (2006 et 2010) sur notre site « le nouvel axe pénal et carcéral de Nicolas […]

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correspondance en prison : le courrier de BOVET

12 octobre, 2010 (14:35) | correspondance carcérale | By: admin

Pour une personne détenue, homme ou femme, la solitude est, parfois, terriblement redoutable. Plus ou pas de famille. Pas de visites. Pas de courrier. Nous savons que la FRANCE que nous aimons est généreuse. Ce n’est pas celle qui gouverne actuellement et qui sème la haine, l’exclusion et la xénophobie, avec un Ministre de l’Intérieur condamné (il a fait appel) pour incitation à la haine raciale.

Une correspondance est possible, en préservant votre anonymat (il s’agit d’une démarche assez différente de celle o├╣ vous rencontrez la personne détenue en tant que « visiteur de prison », démarche sur laquelle nous serons heureux de vous informer si vous nous contactez. Nous reproduisons ici un article de OUEST-FRANCE consacré à l’association LE COURRIER DE BOVET, qui met en relation des personnes ayant envie de correspondre avec une personne détenue.

 » Je corresponds avec des détenus pour un meilleur dialogue  » – MORTAGNE-sur-S├êVRE

samedi 9 octobre 2010


L’histoire

 » La correspondance, on pourrait s’en passer dehors, en prison, non ! «  est la devise de l’association le Courrier de BOVET créée en 1950, et soutenue par l’administration pénitentiaire.

1 100 bénévoles adhèrent à l’association sur l’ensemble du territoire français dont huit Vendéens, parmi lesquels Céline Lazare (nom d’emprunt) qui réside dans le NORD-BOCAGE. Technicienne en logistique, elle s’est engagée depuis un an et demi à maintenir des échanges épistolaires dans la durée.

Les critères de sélection ?  » Avoir au minimum 22 ans, de la motivation, une aisance de l’écriture, un respect de la charte garanti par l’usage d’un pseudonyme « . Sa mission ?  » Sur leur demande, actuellement je corresponds avec une personne d’un certain âge, condamnée à une lourde peine, détenue en OUTRE-MER, et une autre détenue dans le NORD de la FRANCE, âgée de 20 ans qui sera libérée dans quelques mois. En général, je reçois deux lettres par mois « .

Le contenu  ?  » Des choses basiques. Sur l’actualité, le dernier film. On parle de sports, de littérature « .  Ses réponses  ?  » Celles souhaitées par le détenu. Sur papier libre ou carte postale. J’envoie aussi des papiers sous forme de mots croisés. J’offre la possibilité de les abonner à une revue de sports, d’animaux « . Les débuts  ?  » Une personne de l’association, d’expérience, m’accompagne dans toutes les difficultés que je peux rencontrer, comme par exemple rédiger ma première lettre « . Le suivi  ?  » Nous avons une réunion de secteur tous les trois mois. Dans quinze jours, je serai à Toulouse pour le traditionnel congrès d’automne. Je vais rencontrer des juges, des psychologues. Nous aurons des témoignages d’anciens détenus « .

Rencontrée au Forum des associations le 18 septembre à MORTAGNE-sur-S├êVRE, Céline écrit dans l’ombre  » mais pour eux (les détenus) c’est la lumière « . Son souhait  ?  » Intégrer l’association nationale des visiteurs de prisons (ANVP) « . Sans déroger à l’engagement, fait d’écriture. Soucieuse d’entretenir un dialogue totalement désintéressé dans le respect de la dignité des détenus.

Contact. 01 40 67 11 98 ou accueilcourrierdebovet@laposte.net

EN SAVOIR PLUS SUR LE COURRIER DE BOVET :

  1. le site du courrier de BOVET
  2. infos adhérents

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