C.P. de LAON : deux suicides en 2 semaines…
EDITO
Il est triste d’avoir raison et de savoir la catastrophe inéluctable. Dès l’été 2009, nous avions dénoncé – avec d’autres – les ridicules initiatives de Michèle ALLIOT-MARIE pour faire semblant de lutter contre les suicides dans les prisons. Certes, chaque cas est une « histoire » différente. Chaque prison est plus ou moins propice au suicide. Mais les mêmes causes, globalement, reviennent : la surpopulation carcérale, le désespoir, et l’extrême souffrance des hommes et des femmes incarcéré(e)s. Le « manque d’attention » aux autres, aussi. La solitude intérieure, redoutable.
« L’ UNION » relate deux suicides survenus coup sur coup au C.P. de LAON . Comme d’habitude , ce n’est la faute à personne et tous les co-responsables se refilent la patate chaude… Pour le premier suicidé, une libération prochaine. Sait-on s’ il était vraiment aidé à préparer sa sortie ? Tous les spécialistes connaissent, en effet, l’angoisse de la proche libération, paradoxale, mais bien réelle si la « sortie » n’est pas préparée et accompagnée. Pour le second, bien sûr, le Parquet aurait signalé à la Détention… Et la Détention aura sûrement signalé à l’ U.C.S.A. (service médical). Tout le monde est « couvert ». Mais tout le monde est responsable.
ROBIN DES LOIS ne dispose pas, en l’espèce , des éléments d’information qui permettraient d’aller plus loin. Mais nous sommes prêts à aider juridiquement et moralement les familles si elles veulent faire toute la lumière et déterminer s’il y a eu « faute ».
Cela dit, LA FAUTE,majeure, elle, est déjà connue. Ces deux hommes avaient-ils réellement leur place en prison, qui doit être l’ultime recours lorsqu’il n’existe aucune autre sanction possible ? A-t-on vraiment tout essayé (peines alternatives) avant de les y expédier ? Les co-responsables, ce sont les responsables de la folle politique sécuritaire qui frappe notre Pays depuis plus de 10 ans. On enferme, on enferme, on enferme. Sans se soucier de ce qui se passe « après ».
D’ailleurs, vous n’avez pas entendu le moindre message de compassion en direction des familles de ces deux personnes. Nicolas SARKOZY et Michèle ALLIOT-MARIE, et bien d’autres, s’en foutent totalement … Un mort en prison, ce n’est pas « payant » électoralement. Bagatelles… Et puis, ce n’est pas leur fils, leur cousin ou leur neveu… Alors, Place Vendôme, on continue à faire des ronds-de-jambe comme si de rien n’était avec les chats-fourrés en hermine. Bien au chaud sous les lambris.
Je ne doute pas qu’ils dorment bien, eux, ce soir, comme tous les autres soirs, avec une parfaite bonne conscience… Espérons qu’un jour les fantômes de ces morts anonymes viendront les tourmenter dans leur sommeil…
François KORBER
délégué général de ROBIN DES LOIS
EN SAVOIR PLUS : lire notre dossier sur LE SUICIDE EN PRISON et le Rapport du Docteur Louis ALBRAND