Le préfet de la CHARENTE-MARITIME, en poste depuis juin 2008, Henri MASSE, 64 ans (cliquer), va succéder au magistrat et ancien procureur général de VERSAILLES, Jean-Amédée LATHOUD à la tête de la Direction de l’Administration Pénitentiaire du ministère de la Justice.
Les Directeurs de la D.A.P. passent … La D.A.P. reste… Quant aux Ministres de la Justice, n’en parlons pas. Il faudrait une personnalité politique exceptionnelle pour imposer une nouvelle politique pénale et pénitentiaire… De la même manière, il faudrait un homme (une femme) exceptionnel(le)s à la tête de la D.A.P. pour faire changer – un peu – « l’Institution »…
Qui – à part les « spécialistes » – pourrait citer le nom d’un(e) ancien(ne) Directeur(trice) de la D.A.P. ?
Nous accueillons donc sans beaucoup d’illusions la nomination d’Henri MASSE comme successeur de Jean-Amédée LATHOUD. Pourquoi lui ? Pourquoi pas… C’était un peu le cas de celui qui s’en va, et dont le visage lugubre collait si bien à la Fonction.
Par « charité », nous tairons le nom du journal qui avait sous-titré la photo de Jean-Amédée LATHOUD (ci-contre) lorsqu’il prit ses fonctions à la tête de la D.A.P. Pourquoi lui ? Pourquoi pas… Ce « magistrat chevronné » (sic) avait sans doute rendu beaucoup de services, à défaut de « rendre des arrêts »… Il laissera sans doute, paradoxalement, un « nom » dans l’Histoire de la Justice. Mais pas comme Directeur de l’Administration Pénitentiaire !!!
C’est lui qui s’illustra, en effet, comme Procureur Général près la Cour d’Appel de DOUAI lors de l’affaire d’OUTREAU. Une référence, bien sûr, qui lui valut d’être propulsé au Parquet Général de VERSAILLES, le deuxième plus important en FRANCE après la Cour d’Appel de PARIS. Certainement à cause de ses éminentes qualités…
Comme le rappelle Dominique SIMONNOT (ci-dessous), il s’ y était très vite illustré, aussi, par son grand humanisme envers les familles des personnes détenues dans le ressort de la Cour … Des qualités qui le prédisposaient sans doute à devenir « Directeur des Prisons » …
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A peine nommé à la tête de la D.A.P., en janvier 2010, il avait de nouveau attiré l’attention en s’accrochant à son appartement de fonction …auquel il n’avait plus droit. Dans son numéro du mercredi 14 juillet 2010, LE CANARD ENCHAINE révélait que ce nécessiteux avait accepté le poste à la condition de conserver son appartement de fonction à VERSAILLES … pour la modique somme de 30 000 euros par an. Silence assourdissant de toute la Presse… Les vacances, sans doute ?
ROBIN DES LOIS avait publiquement demandé des explications à Michèle ALLIOT-MARIE, avec le coût exact de ce confortable passe-droit, de nature à « donner l’exemple » à tous ceux qui rêvent d’insertion ou de réinsertion, bien sûr… Cette autre grande humaniste n’a même pas eu la politesse d’accuser bonne réception de notre lettre recommandée. Il est vrai qu’elle a – depuis – largement prouvé qu’elle avait, elle aussi, une conception très élastique de « la République irréprochable »… Peu importe : nous tiendrons notre promesse et nous forcerons M. LATHOUD à rembourser après l’avoir fait condamner par le Tribunal Administratif …
Pourquoi un départ aussi précipité ?
Nul n’en connaîtra sans doute jamais les véritables raisons. Mais l’explication fournie par le blog SURVEILLANTS PENITENTIAIRES mérite d’être reproduite :
« (…) Le Directeur de l’administration pénitentiaire, Jean-Amédée LATHOUD, va partir avant l’été à la Cour de cassation. Il n’est resté qu’un an et demi en fonction, contre quatre pour son prédécesseur, alors que le nombre de détenus atteint de nouveaux records. 64 584 personnes étaient incarcérées au 1er mai, soit plus que le pic historique atteint en juillet 2008, et la tension dans les prisons françaises, qui comptent 56 150 places, est palpable. Il devrait être remplacé début juin par un préfet et n’a souhaité faire aucun commentaire.
Officiellement, Jean-Amédée LATHOUD a lui même demandé à être déchargé de son poste, il est proche de la retraite (il aurait 65 ans le 26 septembre), et son passage au parquet de la Cour de cassation lui permettrait statutairement de rester dans la magistrature jusqu’au 30 juin 2013. Le ministère de la Justice a présenté sa candidature au Conseil Supérieur de la Magistrature qui a entendu le magistrat mardi 17 mai. Le CSM rendra son avis dans les premiers jours de juin. Michel MERCIER, le garde des Sceaux, qui l’a bien connu lorsqu’il était procureur général de LYON, le considère comme un ami.
Jean-Amédée LATHOUD a ensuite été procureur général à DOUAI au moment de l’affaire OUTREAU, et avait échappé de peu à des sanctions disciplinaires. Il avait avoué devant le CSM assumer » une part de responsabilités pour un certain nombre d’erreurs « , ce qui ne l’avait pas empêché d’être nommé à la tête du parquet général de VERSAILLES. Il s’était fait épingler une première fois par le Canard enchaîné après avoir signé une circulaire qui interdisait de délivrer des permis de visites aux enfants de moins de 14 ans.
Nommé à la direction de l’administration pénitentiaire en janvier 2010, il avait obtenu que soit pris en charge son logement de fonction. Le Canard enchaîné avait révélé l’affaire en juillet, et estimé le coût pour l’administration à 30 000 euros par an. La CGT pénitentiaire avait jugé » tout cela bien injuste, voire grossier et vulgaire « , le ministère avait répondu que la prise en charge de ce logement de fonction répondait » à la nécessité absolue de service commandant à M. LATHOUD d’être disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre, 365 jours sur 365 « .
Après l’affaire La├½titia à PORNIC, en février 2011, les conseillers d’insertion et de probation, rattachés à la pénitentiaire, avaient manifesté leur colère d’être les éternels boucs émissaires des dysfonctionnements de la justice, et Jean-Amédée LATHOUD, qui n’a jamais réellement trouvé sa place dans cette administration, avait fait part au ministre d’une certaine lassitude (…) »