Juin 212010
  

ROBIN DES LOIS n’a pas encore vu le film… (sortie le 23 juin 2010). Mais il semble passionnant à voir comme un « documentaire  » sur les prisons pour mineurs. Cela ne peut que nourrir notre réflexion sur « nos » E.P.M. « bien français »….


Synopsis
Davis, 16 ans, trafic de stupéfiants. Angel, 15 ans, vol de voiture avec violence. Butch, 17 ans, agression sur un officier de probation. Une même sentence : la prison pour délinquants juvéniles d’ENOLA VALE. Arrivés au centre de détention, ils devront choisir leur camp, victime ou bourreau.

Kim CHAPIRON

J’ai vu trop de films de prison avec des Chicanos tatoués, des gangs de Jamaïcains qui s’entretuent dans des rapports raciaux caricaturaux. C’est un sujet surexploité auquel je ne voulais pas toucher. Je voulais placer mon émotion ailleurs. Je souhaitais aussi un maximum de réalisme. Nous avons visité de nombreux centres pénitentiaires. Nous dormions dans des motels, juste en face des prisons o├╣ nous allions chaque jour passer du temps avec les jeunes. Nous nous sommes présentés comme cinéastes souhaitant recueillir des témoignages et avons à chaque fois été reçu dans une totale transparence. Les autorités sont convaincues de faire au mieux et ne cachent rien. Elles nous ont laissé accéder à tout ce que nous demandions. Seule condition, nous n’avions pas le droit de citer les établissements ou de photographier les gamins. J’ai également rencontré des gardiens, des directeurs de prison qui nous ont eux aussi inspiré des personnages.

Quelle réaction souhaitez vous déclencher?

Quasiment tous les spectateurs à qui j’ai parlé surtout les femmes, m’ont confié être choqués par la violence du début et s’être pourtant attachés à ces jeunes. C’est ce retournement que je cherche, celui que j’ai moi même ressenti. Ces enfants sont ceux d’aujourd’hui, qu’on le veuille ou non. On sait que la délinquance est un fond de commerce. En parlant avec certains gardiens, et même certains prisonniers, on se rend compte que l’on vend de la peur pour acheter des prisons, pour acheter des hommes politiques qui vont combattre cette délinquance. Personne ne cherche vraiment à la résoudre, tout le monde en vit.

DOG POUND n’a qu’un message à faire passer : enfermer les enfants en prions n’est pas la bonne solution. S’ils sont tels qu’ils sont il faut creuser un peu plus et se poser des questions. Ce film est un miroir que je tends pour montrer à quel point ce processus est un gâchis. Mélanger ceux que l’on peut encore sauver avec ceux qui ont connu une réalité épouvantable est un déni de civilisation.

le site officiel du film

le blog du film

Bande annonce
Casting : Adam BUTCHER, Shane KIPPEL, Mateo MORALES,
Production : Partizan Films, Mars Films
visa 120.571, Durée : 1h31
Interdit aux – de 12 ans

Juin 202010
  

Film français de Brigitte SY, Les Mains libres est une fiction autobiographique.

« Une femme, en préambule, consulte une tireuse de cartes qui lui annonce une liaison condamnée. Elle se nomme Barbara. Travaillant depuis plusieurs années dans le milieu carcéral, elle prépare un film écrit et interprété par des détenus de longue peine dans une maison centrale de la banlieue parisienne. La fiction ne l’intéresse pas, elle préfère le réel. Elle enregistre donc des entretiens qui fourniront la matière première d’un document sur le passé et le présent d’hommes en prison.

Un lien privilégié s’instaure entre elle et un certain Michel, qui dépasse la complicité artistique. Les Mains libres traque des échanges clandestins : lettres, photos, chuchotements, non-dits, pulsions de toucher. Ils s’aiment, d’un amour interdit, qui va transgresser la loi. » Jean-Luc DOUIN, « Les Mains libres » : derrière les murs de la prison, Brigitte Sy filme les émotions, Le Monde, 15 juin 2010

Voir le site du film ici

Bande annonce

Propos de l’auteure

La prison, lieu irreprésentable

L’expérience carcérale est interne et abstraite. Les représentations convenues de la prison, les bruits, claquements de portes, la violence faite aux détenus, les hurlements, non seulement ne pourront jamais rendre compte de cette perte d’identité mais sont précisément ce dont les détenus ont le moins à se plaindre. Le temps carcéral est un temps immobile. Dès qu’un détenu y entre tout est mis en œuvre pour qu’il abandonne l’autre temps et entre dans un temps nouveau, appartenant à la prison et uniquement à la prison.

Entretien avec Brigitte SY

 Publié par à 18 h 50 min
Mai 132010
  

 

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Le 22 avril, ARTE.tv a publié le webdocumentaire PRISON VALLEY, présenté comme un « road movie participatif » à la rencontre de l’industrie de la prison aux ÉTATS-UNIS.

Ce web documentaire mêle vidéos, photos et permet aux internautes de « cheminer » à leur gré sur la « route principale » : le film ou ses « bifurcations » : portfolio, tchat, forum,… (présentation des principes interactifs ici Prison Valley : le web documentaire à l’école de la route).

Concernant les contenus du documentaire on peut légitimement se poser la question : Existe-t-il en France un risque de dérive à l’américaine ? C’est évident. En 1986, le triste Albin CHALANDON eut l’idée d’aller voir comment fonctionnaient les prisons aux ÉTATS-UNIS. C’est ainsi qu’il importa l’idée des prisons à gestion mixte, inexactement appelées « prisons privées » (nous publierons prochainement un dossier très complet sur le résultat de cette « expérience », 25 ans après).

François KORBER, délégué général de ROBIN DES LOIS, a été interviewé sur la dérive en matière de business carcéral pour les cantines et la construction de ces monstres d’acier et de béton (à voir sur le site Webdocs d’ARTE TV). Ou ci-dessous.

Vous pouvez regarder le documentaire intégralement sur http://prisonvalley.arte.tv/fr en attendant sa diffusion sur la chaîne ARTE le 12 juin, consulter le tchat avec Jean-Marie BOCKEL (prochain rendez-vous le 20 mai à 19h avec Florence AUBENAS de l’O.I.P.) ou vous joindre aux forums.

Le sujet

Fremont County, Colorado : deux villes – Ca├▒on City & Florence, 36.000 âmes, 13 prisons, 7731 détenus. Ce n’est plus un comté. Mais un complexe prisonnier, comme l’on dit complexe hôtelier. C’est Prison Valley, région paumée du Colorado. Ici, on a planté une prison dans les années 80. Puis un hôtel. Puis une autre prison. Puis un resto. Puis une troisième prison. Et encore un motel. Un cabinet d’avocats s’est installé. Puis cinq autres prisons.

C’est presque une ville modèle avec son chômage en baisse, ses 21 % de population incarcérée, ses pénitenciers dernier cri, son Supermax à demi enterré dans le désert,  » the Alcatraz of the Rockies « , comme on dit là-bas, la prison des prisons, celle des Timothy McVeigh, Unabomber, Zaccaria Moussaoui et tant d’autres, avec couloirs donnant sur la mort.

Au final, Prison Valley, c’est ça : une ville prison o├╣ même ceux qui vivent dehors vivent dedans, d’une façon ou d’une autre. Avec ce webdocumentaire, le spectateur plonge au cœur de l’industrialisation des prisons.

Fév 152010
  

A l’occasion de la sortie en salle du film UN PROPHETE, de JACQUES AUDIARD, François KORBER, dans un article du « MONDE » en date du 26 août 2009, évoque « la restitution scrupuleuse des bruits et de l’espace d’une prison ».

UN PROPHETE est un film français réalisé par JACQUES AUDIARD en 2008. Présenté en compétition officielle lors du Festival de Cannes 2009, il y a obtenu le Grand prix du jury. Quelques mois plus tard, il reçoit le Prix Louis-Delluc. Lors de la cérémonie des César du cinéma 2010, il gagne 9 récompenses dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur. Il est sorti en salles le 26 août 2009 et a comptabilisé 1 249 000 entrées.

Ce film a bénéficié d’une très large et bonne critique. Rare voix discordante, Catherine CHARLES de l’A.R.P.P.I., dans une interview intitulée « PRISON BERK », sans nier la qualité cinématographique de l’œuvre, déclare : « Avec ce film, Tahar RAHIM laisse une empreinte nette et précise dans les fichiers des grands du cinéma français. Pour le coup, sans être experte amie-amie avec l’audiovisuel, je trouve qu’avec ce « prophète », au format inhabituel, AUDIARD nous parle de cinéma à défaut de prison« .

synopsis

Malik El DJEBENA, un jeune délinquant condamné à six ans de prison, est dès son entrée, contraint par un clan mafieux corse d’assassiner Reyeb, qui s’apprête à témoigner contre eux. Il devient dès lors le protégé et le larbin de César LUCIANI qui contrôle l’ensemble de la prison, les petits et gros trafics, avec l’aide de surveillants soudoyés. Petit à petit, il gagne la confiance de César qui décide de lui confier un certain nombre de missions de renseignements et de transmission d’informations avec l’extérieur. Malik organise en parallèle son propre réseau en prison avec l’aide des « barbus » et d’un gitan tout en continuant à prêter allégeance à Luciani, par crainte et intérêt.

Après avoir purgé la moitié de sa peine, Malik obtient avec l’aide de LUCIANI des permissions de sortir journalières que le vieux chef corse utilise pour organiser ses affaires mafieuses à l’extérieur. Malik devient ainsi indispensable à LUCIANI, qui, de plus, voit son influence s’amenuiser au sein de l’établissement pénitentiaire sous le double effet du regroupement des prisonniers corses près de leur famille et de la montée en puissance des chefs maghrébins plus ou moins liés aux réseaux religieux musulmans.

LUCIANI, trahi dans ses affaires à l’extérieur, décide de reprendre le pouvoir en éliminant un concurrent marseillais lié aux Italiens et des traîtres au sein de son clan. Il confie à Malik la mission de trouver une équipe pour éliminer ces personnes et de s’allier localement avec Brahim LATTRACHE pour le partage du territoire.

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