Août 122015
  

ct_opt(Photo Guillaume Paumier)

Nous venons d’apprendre que La Ministre de la Justice vient de refuser la demande de transfert de Younesse Bambara. La notification se contente de reprendre les arguments de l’Administration Pénitentiaire.

Le Conseil d’Etat avait ordonné que l’instruction de la demande de M. Bambara soit reprise et menée à bien puisque les refus qui lui avaient été opposés ne respectaient pas la procédure régulière pour un détenu particulièrement signalé qui impose que la Ministre prenne elle-même la décision.

La décision de refus qui a été notifiée ce matin à M. Bambara me paraît inhumaine et choquante.

Inhumaine, car M. Bambara, depuis qu’il a porté plainte pour des sévices qu’il aurait subi au Quartier Disciplinaire de Fleury-Mérogis, subit les intimidations et les mesures de rétorsion des surveillants qui ne supportent pas que l’un des leurs soit mis en cause. Cet homme, par ailleurs en très mauvais état de santé physique et morale, ne demandait pas une faveur mais seulement de poursuivre sa détention dans des conditions normales.

Choquante, parce que la décision prise est aux antipodes des déclarations enflammées et poétiques de la Ministre de la Justice sur les Droits de l’Homme et les grands principes. Comment expliquer une telle décision ? Sans doute principalement dans le désir de la Ministre de ne pas déplaire à une Administration pénitentiaire qu’elle ne maîtrise pas.

Car là est probablement le vrai problème. Le Ministère de la Justice n’est pas le seul o├╣ le Ministre est autant le chef de son administration que sa marionnette. Le drame, c’est que les conséquences humaines sont ici considérables.

On me fait d’ailleurs remarquer que la Ministre n’a sans doute pas pris personnellement la décision en cause. J’en convient mais un Ministre est responsable des décisions prises en son nom.

Avec l’avocat de Younesse Bambara, Olivier Arnod, nous allons étudier les suites à donner à cette décision qui n’honore par la Garde des Sceaux. Je souhaitais d’abord vous en informer et assurer Younesse et sa famille que nous restons à leurs côtés.

Sylvain Renard

Mai 132010
  

 

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Le 22 avril, ARTE.tv a publié le webdocumentaire PRISON VALLEY, présenté comme un « road movie participatif » à la rencontre de l’industrie de la prison aux ÉTATS-UNIS.

Ce web documentaire mêle vidéos, photos et permet aux internautes de « cheminer » à leur gré sur la « route principale » : le film ou ses « bifurcations » : portfolio, tchat, forum,… (présentation des principes interactifs ici Prison Valley : le web documentaire à l’école de la route).

Concernant les contenus du documentaire on peut légitimement se poser la question : Existe-t-il en France un risque de dérive à l’américaine ? C’est évident. En 1986, le triste Albin CHALANDON eut l’idée d’aller voir comment fonctionnaient les prisons aux ÉTATS-UNIS. C’est ainsi qu’il importa l’idée des prisons à gestion mixte, inexactement appelées « prisons privées » (nous publierons prochainement un dossier très complet sur le résultat de cette « expérience », 25 ans après).

François KORBER, délégué général de ROBIN DES LOIS, a été interviewé sur la dérive en matière de business carcéral pour les cantines et la construction de ces monstres d’acier et de béton (à voir sur le site Webdocs d’ARTE TV). Ou ci-dessous.

Vous pouvez regarder le documentaire intégralement sur http://prisonvalley.arte.tv/fr en attendant sa diffusion sur la chaîne ARTE le 12 juin, consulter le tchat avec Jean-Marie BOCKEL (prochain rendez-vous le 20 mai à 19h avec Florence AUBENAS de l’O.I.P.) ou vous joindre aux forums.

Le sujet

Fremont County, Colorado : deux villes – Ca├▒on City & Florence, 36.000 âmes, 13 prisons, 7731 détenus. Ce n’est plus un comté. Mais un complexe prisonnier, comme l’on dit complexe hôtelier. C’est Prison Valley, région paumée du Colorado. Ici, on a planté une prison dans les années 80. Puis un hôtel. Puis une autre prison. Puis un resto. Puis une troisième prison. Et encore un motel. Un cabinet d’avocats s’est installé. Puis cinq autres prisons.

C’est presque une ville modèle avec son chômage en baisse, ses 21 % de population incarcérée, ses pénitenciers dernier cri, son Supermax à demi enterré dans le désert,  » the Alcatraz of the Rockies « , comme on dit là-bas, la prison des prisons, celle des Timothy McVeigh, Unabomber, Zaccaria Moussaoui et tant d’autres, avec couloirs donnant sur la mort.

Au final, Prison Valley, c’est ça : une ville prison o├╣ même ceux qui vivent dehors vivent dedans, d’une façon ou d’une autre. Avec ce webdocumentaire, le spectateur plonge au cœur de l’industrialisation des prisons.

Fév 152010
  

A l’occasion de la sortie en salle du film UN PROPHETE, de JACQUES AUDIARD, François KORBER, dans un article du « MONDE » en date du 26 août 2009, évoque « la restitution scrupuleuse des bruits et de l’espace d’une prison ».

UN PROPHETE est un film français réalisé par JACQUES AUDIARD en 2008. Présenté en compétition officielle lors du Festival de Cannes 2009, il y a obtenu le Grand prix du jury. Quelques mois plus tard, il reçoit le Prix Louis-Delluc. Lors de la cérémonie des César du cinéma 2010, il gagne 9 récompenses dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur. Il est sorti en salles le 26 août 2009 et a comptabilisé 1 249 000 entrées.

Ce film a bénéficié d’une très large et bonne critique. Rare voix discordante, Catherine CHARLES de l’A.R.P.P.I., dans une interview intitulée « PRISON BERK », sans nier la qualité cinématographique de l’œuvre, déclare : « Avec ce film, Tahar RAHIM laisse une empreinte nette et précise dans les fichiers des grands du cinéma français. Pour le coup, sans être experte amie-amie avec l’audiovisuel, je trouve qu’avec ce « prophète », au format inhabituel, AUDIARD nous parle de cinéma à défaut de prison« .

synopsis

Malik El DJEBENA, un jeune délinquant condamné à six ans de prison, est dès son entrée, contraint par un clan mafieux corse d’assassiner Reyeb, qui s’apprête à témoigner contre eux. Il devient dès lors le protégé et le larbin de César LUCIANI qui contrôle l’ensemble de la prison, les petits et gros trafics, avec l’aide de surveillants soudoyés. Petit à petit, il gagne la confiance de César qui décide de lui confier un certain nombre de missions de renseignements et de transmission d’informations avec l’extérieur. Malik organise en parallèle son propre réseau en prison avec l’aide des « barbus » et d’un gitan tout en continuant à prêter allégeance à Luciani, par crainte et intérêt.

Après avoir purgé la moitié de sa peine, Malik obtient avec l’aide de LUCIANI des permissions de sortir journalières que le vieux chef corse utilise pour organiser ses affaires mafieuses à l’extérieur. Malik devient ainsi indispensable à LUCIANI, qui, de plus, voit son influence s’amenuiser au sein de l’établissement pénitentiaire sous le double effet du regroupement des prisonniers corses près de leur famille et de la montée en puissance des chefs maghrébins plus ou moins liés aux réseaux religieux musulmans.

LUCIANI, trahi dans ses affaires à l’extérieur, décide de reprendre le pouvoir en éliminant un concurrent marseillais lié aux Italiens et des traîtres au sein de son clan. Il confie à Malik la mission de trouver une équipe pour éliminer ces personnes et de s’allier localement avec Brahim LATTRACHE pour le partage du territoire.

voir le trailer

Mai 222010
  

REUTERS / Robert PRATTA

quelle prise en charge des détenus souffrant de troubles psychiatriques ?

La prison est pathogène

Les détenus souffrant de troubles de la personnalité et troubles psychotiques représentent entre 20 % et 25 % de la population actuellement détenue.

Pour Christiane de BEAUREPAIRE, ancienne chef du service psychiatrique de la prison de FRESNES : « Deux études récentes l’expliquent très bien : la moitié des arrivants en détention présentent des troubles psychiatriques, 30% environ souffrent de névroses avérées et graves. Plus des deux tiers ont connu des événements traumatiques, précoces, divers, nombreux, engendrant des vulnérabilités dépressives et anxieuses. » (lire l’interview complète Interview de Christiane de BEAUREPAIRE par Julie JOLY – L’EXPRESS du 22 janvier 2009 et aussi Christiane de BEAUREPAIRE « Interne en prison ? De la folie ? »).

Pour le docteur Louis ALBRAND, auteur d’un rapport sur le suicide en prison et coordonnateur d’un collectif pour l’humanisation des prisons et des hôpitaux psychiatriques : « De nombreux malades sont mal soignés, sans traitement, et donc potentiellement dangereux. Ils vivent souvent dans la rue, se droguent et/ou boiventÔǪ Et finissent par se retrouver en prison. Ensuite, c’est un cercle vicieux. Le climat pénitentiaire exacerbe et aggrave ces maladies, alors que les prisons manquent cruellement de psychiatres. S’ils sortent, ils vont y retourner. Pour moi, ces déficiences de la prise en charge psychiatrique en FRANCE expliquent en grande partie les 40% de récidive, ou les suicides en prison. » (Interview complète du Dr Louis ALBRAND par Anouchka COLLETTE, le 21 mai 2010 à lire sur le site de Rue 89)

ce que propose la loi

La loi n° 2002-1138 du 9 septembre 2002 d’orientation et de programmation pour la justice a prévu la mise en place d’unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) pour l’hospitalisation complète des personnes détenues atteintes de troubles mentaux. Les UHSA ont vocation à améliorer ainsi l’offre d’accès aux soins au bénéfice de ces patients détenus. Ils représentent le chaînon nécessaire dans la prise en charge entre les SMPR et les UMD. (ici un document rappelant le fonctionnement actuel de la prise en charge psychiatrique des détenus)

Il est ainsi mis fin à l’hospitalisation (complète) en SMPR, et toute personne détenue atteinte de troubles mentaux nécessitant une hospitalisation complète sera hospitalisée dans les UHSA, avec ou sans son consentement.

Le programme prévu d’implantation des UHSA comporte deux tranches. La première tranche, d’une capacité de 440 places sur 9 sites, doit être réalisée d’ici à 2012. La première UHSA a ouvert à LYON le 18 mai 2010.

Sites des futures UHSA : VILLEJUIF, MARSEILLE, LILLE, ORLÉANS, LYON, TOULOUSE, NANCY, BORDEAUX et RENNES, pour un total de 440  places (Source : Chancellerie).

La seconde tranche – comportant 265 places sur 8 sites – sera réalisée à partir de 2010-2011.

ouverture de la première UHSA à LYON

visite guidée en images sur le site du FIGARO (reportage de Marion BRUNET)

le premier hôpital psychiatrique carcéral ouvre ce matin à LYON LIBÉRATION.fr du 18 mai 2010 par Olivier BERTRAND . Avec un article du vendredi 21 mai 2010 très documenté : « à LYON, la psychiatrie derrière des barreaux neufs » (cliquer ici )

Reportage de FRANCE – INFO du 18 mai 2010, Le premier hôpital-prison de France ouvre ses portes aujourd’hui

Reportage de TLM

l hôpital psychiatrique du VINATIER, à BRON, accueille la première UHSA de FRANCE

un hôpital pour détenus, ça ressemble à quoi, au juste ?

C’est l’excellente question posée par 20 MINUTES.fr, dont nous reproduisons in extenso le reportage.

SANTÉ – La première Unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) de FRANCE axe ses soins autour du bien-être du détenu. Avec balnéothérapie médicalisée et ateliers de cuisine…

De l’extérieur, l’imposant bâtiment de béton a tout d’une prison. Seul l’inox poli installé au dessus de l’entrée, égaye un peu les murs. Derrière les vitres sont postés des agents de l’administration pénitentiaire.

La première Unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) destinée à accueillir les détenus ayant d’importants troubles psychiatriques a été inaugurée ce vendredi après-midi à BRON, sur le site de l’hôpital psychiatrique du VINATIER. L’occasion pour 20minutes.fr de visiter les lieux, construits un peu à l’écart du reste.

à lire, les détails de l’inauguration par ici.

A l’extérieur les matons, à l’intérieur les médecins

Une fois les parloirs dépassés et quelques portes ultrasécurisées franchies, le lieu ressemble davantage à un hôpital avec ses couloirs couleur beige et son « plateau de soins ». Les chambres sont sobres, équipées d’une télévision placée en hauteur derrière une vitre, d’un petit bureau et d’un coin salle de bains entièrement carrelé. Certaines chambres ont vu sur une cour intérieure o├╣ ont été installés une table de ping-pong, un terrain synthétique, un panier de basket et quelques fleurs.

C’est le concept de l’UHSA. Les détenus sont pris en charge à leur arrivée et sortie par des agents de l’administration pénitentiaire. Mais une fois à l’intérieur, ils sont entièrement encadrés par des médecins, infirmiers et aides-soignants. Les surveillants sont à leur disposition si besoin.

Huit détenus déjà hospitalisés

Depuis la mise en service de cet hôpital-prison mardi, huit détenus de la maison d’arrêt de CORBAS sont arrivés. « Tout s’est bien passé« , relate le personnel. A terme, soixante personnes qui présentent des pathologies de dépression à tendance suicidaire ou des troubles psychiatriques pourront être soignées dans cet établissement.

« Auparavant, seuls les détenus dangereux pouvaient être pris en charge« , explique Pierre LAMOTHE, psychiatre et responsable du pôle « santé mentale des détenus et psychiatrie légale ». « Avec l’UHSA, nous accueillons ceux qui sont aussi en grande souffrance et ceux qui demandent à être soignés. C’est une grande avancée. »

Le personnel en grève mais présent quand même

Pour soigner les patients, l’UHSA propose de nombreuses activités 24h/24 centrées autour du corps, comme la balnéothérapie, des ateliers de cuisine et du sport. « Les détenus malades parlent difficilement. Il faut donc que la personne prenne soin d’elle et retrouve confiance en elle », souligne ├êve BECACHE, médecin psychiatre.

Le personnel soignant, qui mène un mouvement de grève pour ne pas avoir à effectuer des taches sécuritaires comme les fouilles, avait été réquisitionné. Tous avaient donc un discours très formaté. « Nous prenons nos marques, confiait Abdel, infirmier. Nous sommes à l’écoute des patients. »

Pierre LAMOTHE assure que la contestation s’éteindra « d’elle-même« . Et il balaye les arguments des grévistes qui pointent du doigt la confusion entre les soins et la sécurité. « Le risque est beaucoup plus grand dehors quand une infirmière est seule face à un patient dangereux. A l’UHSA, le personnel travaille en équipe. »

en savoir plus

textes relatifs aux modalités de garde, d’escorte et de transport des personnes détenues hospitalisées en raison de troubles mentaux (décret du 18 mai 2010) 

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ROBIN DES LOIS se réjouit de ce que les détenus malades mentaux puissent – enfin – être correctement soignés. Mais l’association tient à souligner la « folie » d’un système technocratique qui – entre 1985 et 2005 – a fait passer le nombre de lits d’hospitalisation en psychiatrie de 129 500 à 89 800, en suite d’une politique de santé publique aberrante… De plus en plus de patients ont donc été suivis chez eux, dans des hôpitaux de jour. Or, sans avoir fait dix ans de médecine, chacun peut comprendre qu’un psychotique ou un schizophrène – livré à lui- même dans la rue – passe plus facilement à l’acte délictuel ou criminel qu’un citoyen « normal ». C’est l’une des raisons pour lesquelles, au fil des années, les prisons se sont remplies de malades mentaux profonds… Avec des surveillants non formés pour les soigner… Et un manque criant de psychiatres et de psychologues. De ce fait – en oubliant totalement les victimes inutiles résultant de cette politique … démentielle – le gouvernement propose , maintenant, de vider les prisons en créant … les hôpitaux psychiatriques spécialisés que l’on a commencé à supprimer en 1985 !

C’est mieux que rien, mais cette « folie » technocratique souligne, une fois de plus, la nécessité absolue d’un contrôle citoyen sur les politiques publiques. Plus jamais ça !

Toutes les associations devront, par ailleurs, se montrer extrêmement vigilantes sur les personnes affectées dans ces U.H.S.A. puisque l’A.P. avait déjà coutume d’employer l’H.O. (Hospitalisation d’Office) pour se « débarrasser » de détenus qualifiés de « malades » parce qu’ils étaient – simplement – un peu quérulents ou jugés « subversifs »…

 

Juin 092010
  

ROBIN DES LOIS attache une importance au droit au travail des personnes détenues, tout en se battant pour que naisse un embryon de droit du travail dans les Établissements o├╣ les détenus sont exploités .

Nous publierons de nombreux documents sur la nécessité d’un travail formateur et qualifiant, ainsi que sur la nécessité de développer des formations utiles à la réinsertion.

ROBIN DES LOIS au 20 HEURES DE TF1 du 10 mai 2010

interview de François KORBER au RÉPUBLICAIN LORRAIN du mardi 18 mai 2010

RAPPORT du CONTR├öLEUR GÉNÉRAL DES PRISONS : Cette année, Jean-Marie DELARUE et son équipe ont particulièrement étudié les conditions de travail et de formation dans de très nombreux établissements.

Nov 292014
  

sr3Lors de l’Assemblée Générale de notre association, le 19 novembre, j’ai été élu à l’unanimité Président de Robin des Lois.

Je veux d’abord remercier les adhérents et Xavier Périssé à qui je succède. Il a souhaité quitter son poste car il préside maintenant l’association Justice Deuxième Chance. Il a cependant accepté d’être vice-président de Robin des Lois et nous continuerons donc à travailler ensemble.

Si ce changement de président se fait sereinement, il intervient à un tournant de la vie de Robin des Lois. Jusqu’à maintenant, notre association a dû sa notoriété à la personnalité hors norme de son délégué général et à son inlassable volonté qui n’a pas permis de déplacer des montagnes mais de faire bouger l’administration pénitentiaire, ce qui, à l’évidence, est plus difficile !

Notre action a reposé sur un petit nombre de militants très dévoués. Pour pérenniser notre existence, mieux agir et répondre aux objectifs de notre charte, nous avons décidé de multiplier les adhésions, d’associer de plus en plus de bonnes volontés pour aider les détenus victimes de l’arbitraire et promouvoir les réformes que nous préconisons.

Bref, nous avons l’ambition de devenir une association nationale qui milite, qui réfléchit et qui apporte des services utiles.

Après avoir été un compagnon de route de notre association en aidant souvent François Korber, je vais consacrer toute mon énergie au développement de Robin des Lois.

La montée de l’idéologie sécuritaire liée à la crise économique, le peu d’attention portée au système pénitentiaire, à gauche comme à droite, les tentations clientélistes et populistes de beaucoup de politiques rendent notre tâche difficile. Je ne servirai pas à grand chose si vous n’apportez pas vos idées et votre énergie.

C’est pourquoi nous allons lancer dans les jours qui viennent une campagne d’adhésions.

A bientôt !

Sylvain Renard

Mai 132010
  

 

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Le 22 avril, ARTE.tv a publié le webdocumentaire PRISON VALLEY, présenté comme un « road movie participatif » à la rencontre de l’industrie de la prison aux ÉTATS-UNIS.

Ce web documentaire mêle vidéos, photos et permet aux internautes de « cheminer » à leur gré sur la « route principale » : le film ou ses « bifurcations » : portfolio, tchat, forum,… (présentation des principes interactifs ici Prison Valley : le web documentaire à l’école de la route).

Concernant les contenus du documentaire on peut légitimement se poser la question : Existe-t-il en France un risque de dérive à l’américaine ? C’est évident. En 1986, le triste Albin CHALANDON eut l’idée d’aller voir comment fonctionnaient les prisons aux ÉTATS-UNIS. C’est ainsi qu’il importa l’idée des prisons à gestion mixte, inexactement appelées « prisons privées » (nous publierons prochainement un dossier très complet sur le résultat de cette « expérience », 25 ans après).

François KORBER, délégué général de ROBIN DES LOIS, a été interviewé sur la dérive en matière de business carcéral pour les cantines et la construction de ces monstres d’acier et de béton (à voir sur le site Webdocs d’ARTE TV). Ou ci-dessous.

Vous pouvez regarder le documentaire intégralement sur http://prisonvalley.arte.tv/fr en attendant sa diffusion sur la chaîne ARTE le 12 juin, consulter le tchat avec Jean-Marie BOCKEL (prochain rendez-vous le 20 mai à 19h avec Florence AUBENAS de l’O.I.P.) ou vous joindre aux forums.

Le sujet

Fremont County, Colorado : deux villes – Ca├▒on City & Florence, 36.000 âmes, 13 prisons, 7731 détenus. Ce n’est plus un comté. Mais un complexe prisonnier, comme l’on dit complexe hôtelier. C’est Prison Valley, région paumée du Colorado. Ici, on a planté une prison dans les années 80. Puis un hôtel. Puis une autre prison. Puis un resto. Puis une troisième prison. Et encore un motel. Un cabinet d’avocats s’est installé. Puis cinq autres prisons.

C’est presque une ville modèle avec son chômage en baisse, ses 21 % de population incarcérée, ses pénitenciers dernier cri, son Supermax à demi enterré dans le désert,  » the Alcatraz of the Rockies « , comme on dit là-bas, la prison des prisons, celle des Timothy McVeigh, Unabomber, Zaccaria Moussaoui et tant d’autres, avec couloirs donnant sur la mort.

Au final, Prison Valley, c’est ça : une ville prison o├╣ même ceux qui vivent dehors vivent dedans, d’une façon ou d’une autre. Avec ce webdocumentaire, le spectateur plonge au cœur de l’industrialisation des prisons.