Rodez. Des rats dans les toilettes de la prison

Pouvez-vous nous décrire en détail ce que vous avez constaté ?

La prison de Rodez est totalement insalubre. Les murs s'effritent et tombent en miettes, il y a une poussière démentielle et les microbes s'entassent. Les lits superposés en fer sont branlants et les armoires cassées. Des rats s'échappent des toilettes à la turque dans nos cellules et montent sur les armoires par les ficelles qu'on tend pour faire sécher du linge. Les douches communes sont crasseuses malgré le ménage effectué par les détenus et leurs carreaux sont explosés. Sur les lits, les couvertures sont dégoûtantes, j'ai même chopé des saloperies comme des verrues et des maladies de peau. C'est complètement pourri.

Combien êtes-vous par cellule ?

On est entassé à 6, 7 ou 8 par cellule, c'est-à-dire dans 6 mètres sur 2, c'est vraiment très étroit. On sort pour la promenade entre 1 heure et 2 heures chaque matinée et chaque après-midi mais il faut savoir que la cour fait à peine 30 m2. Heureusement il y a une salle de musculation mais elle aussi tombe en lambeaux.

Comment vit-on cette promiscuité dans un espace si restreint ?

Très mal, les disputes, les conflits c'est courant surtout si on n'a pas d'amis. C'est humainement très dur. ça provoque beaucoup de stress car on n'a pas les moyens de se détendre. Il y a beaucoup de gestes désespérés dont on ne parle pas.

Comment apprend-on la réinsertion dans un tel environnement ?

Moi, je sais maintenant que je ne veux plus faire de prison mais c'est pas grâce à un endroit comme ça, c'est une prise de conscience personnelle. En prison, on nous promet la réinsertion mais quand on sort on te dit juste « casse-toi » et on te file des tickets restos. On se retrouve vraiment à la rue alors il y en a qui ont du mal à s'en sortir. En tout cas, à Rodez ça craint, il faut faire quelque chose et vite !

2011:la prison à Druelle

La nouvelle maison d'arrêt « livrée à la fin 2011 au Puech de grèzes à Druelle», c'est ce qu'assurait le directeur interrégional de l'administration pénitentiaire il y a tout juste 1 an. Mais le temps passe et aucun mur ne semble s'élever dans ce secteur. Le nouveau bâtiment devrait compter une capacité de 100 places dont 10 destinées aux détenus en semi-liberté sur une surface de 3 590 m2 implantée sur un terrain de 30 000m2 pour un coût total de 20 millions d'euros répartis entre l'état et le grand Rodez.